Décrire le contexte de montée des régimes totalitaires à travers le jeu de rôle en Terminale

17 / 01 / 2023 | Laurent Pech

Sous forme de jeu de rôle, les élèves de Terminale sont plongés en 1932, en tant que représentants français auprès de la Société des nations. Ils doivent prononcer devant l’assemblée un discours pour mettre les autres pays en garde face à la menace de la montée des idéologies totalitaires dans les société européennes.
Un travail sur les régimes totalitaires et un travail de préparation au Grand oral.

PRESENTATION :
 Niveau : séance de Terminale, Histoire
 Thème du programme : Terminale, Thème 1 « Fragilités des démocraties, totalitarismes et Seconde Guerre mondiale (1929-1945) », Chapitre 2 « Les régimes totalitaires »

OBJECTIFS :
 Notions travaillées : régimes totalitaires, crise de 1929, brutalisation de la société (Mosse)
 Capacités travaillées :
* mettre en relation des faits ou événements de natures, de périodes, de localisations différentes
* formuler une argumentation en utilisant une approche historique et en justifiant ses interprétations.
* comprendre des documents diversifiés : relever et analyser des informations contenues dans plusieurs documents, les mettre en relation
* utiliser les outils numériques pour produire une présentation : le logiciel Audacity d’édition numérique
* travailler l’expression orale, en vue du passage du Grand oral du baccalauréat.

PROBLEMATIQUE DE LA SEANCE : Dans quel contexte les idéologies totalitaires se développent-elles en Europe dans l’entre-deux-guerres ?

DESCRIPTION DE LA SEANCE :
Enjeux pédagogiques :
 aborder un nombre important d’informations permettant de dresser un panorama du contexte politique, social, économique des années 1920 et 1930
 travailler l’expression orale dans l’optique de la préparation au Grand oral
 travailler l’autonomie et la collaboration en équipe

Enoncé du jeu de rôle : Les élèves sont des représentants du gouvernement français auprès de la Société des nations (SDN), ils sont chargés de rédiger et de présenter devant l’assemblée un discours pour mettre tous les autres pays en garde devant la menace représentée par la montée des idéologies totalitaires dans les société européennes.

La séance se divise en 2 temps, sur un total de trois heures :

* Séance 1, de 2 heures.
L’énoncé du jeu de rôle et les consignes sont donnés sous la forme d’une petite Fiche de consignes. L’enseignant procède à un rapide rappel de ce qu’est la SDN, s’appuyant sur les acquis de fin d’année de classe de 1ère, qui ont pu être réactivés dans la première séquence de Terminale.
 Pendant 1h20, les élèves sont placés en autonomie face à un Dossier documentaire de trois pages regroupant douze documents de natures très diverses (des textes, des photos, des unes de journaux, des affiches), traitant de différents aspects des sociétés et vies politiques des années 1920 et du début des années 1930. L’essentiel de ces documents fait référence à des évènements, des phénomènes déjà abordés dans le chapitre précédent (Impact de la crise de 1929) comme la crise sociale et alimentaire, la montée du chômage, les dévaluations des monnaies, l’instabilité parlementaire dans la période de crise.
 Les élèves travaillent en binôme pour prendre connaissance des documents, en discuter ensemble afin de dégager le sens de chacun. Ces échanges favorisent l’apprentissage par la transmission entre pairs.
 Ils prélèvent ensuite les informations dans un tableau synoptique qu’ils réalisent chacun, ce tableau leur permet de synthétiser et d’organiser leurs idées, mais aussi de distinguer les grands thèmes (qui formeront les arguments pour le discours) et les exemples concrets.

L’enseignant circule entre les groupes pour s’assurer de la bonne compréhension des documents par des questions rapides et par une écoute active. Il peut être possible d’aider des élèves bloqués en les orientant vers une clé de compréhension, en les poussant à la remobilisation d’une connaissance déjà vue en classe (dans le chapitre précédent, sur la Crise de 1929), ou en expliquant un mot de vocabulaire.

Les 40 minutes suivantes de cette séance sont consacrées à la rédaction du discours.
 les élèves écoutent un discours d’Aristide Briand à la SDN : https://enseignants.lumni.fr/fiche-media/00000000917/discours-d-aristide-briand-devant-la-sdn-du-7-septembre-1929.html à la suite duquel un temps de cours dialogué (5 minutes) permet à l’enseignant de présenter brièvement A.Briand (son rôle politique en France, son prix Nobel de la paix, son combat pacifiste). Les élèves sont alors invités à réagir sur le ton, le rythme de lecture du discours et les thèmes de la réconciliation franco-allemande.
 en autonomie, les élèves rédigent alors leur discours, en binôme ou individuellement.

* Séance 2, d’1 heure. Au CDI, avec le/la collègue documentaliste, les élèves enregistrent leur discours à l’oral, en fichier audio. La production vocale nécessite une installation de trois micros branchés à des ordinateurs avec le logiciel Audacity installé.
Les élèves se succèdent sur trois ateliers :
 un entraînement avec des conseils sur le placement de la voix, l’articulation et le rythme d’énonciation de discours
 un entraînement avec utilisation de l’outil « enregistrement » sur les téléphones des élèves exceptionnellement autorisés à le sortir dans le cadre de cette activité
 l’enregistrement des discours devant les micros (trois élèves ou groupes d’élèves peuvent passer simultanément) ; le logiciel Audacity permet de réaliser ensuite de façon simple et rapide un travail de montage, en séquençant le fichier et en supprimant des temps de silence involontaires par exemple.

La production finale est sujette à une évaluation, sur la base d’une Grille d’évaluation explicitée dès le début de la séance et donnée nominativement par l’enseignant à chaque élève après la séance.

BILAN D’EXPERIMENTATION DE CETTE ACTIVITE :
Cette séance s’est avérée très utile pour l’enseignant qui peut porter une attention fine sur chaque élève en passant de groupe en groupe. L’intérêt est de stimuler les élèves, de les aiguiller mais surtout de ne pas leur donner de réponses. La démarche de recherche de solutions doit être menée par le groupe du début à la fin, en autonomie. Le choix du travail en groupe permet par ailleurs de favoriser des mécanismes d’entraide et de coopération entre élèves.

L’activité permet en outre de travailler sur une capacité souvent difficile pour les élèves, la mise en relation et le tissage de liens entre des faits historiques (et la réflexions sur les causes et les conséquences).
Elle permet enfin de travailler sur un des points centraux de l’argumentation : l’articulation argument-exemple. Les élèves sont conduits à ne pas se limiter à un discours formé uniquement d’exemples. Ils développent leurs arguments en apportant des exemples en appui. Les documents sont donc travaillés comme des points d’entrée pour développer une idée générale, sans se limiter à une description de la situation particulière présentée par le document : les élèves travaillent donc ici le passage du particulier à la généralisation, si important dans les démarches argumentative et scientifique.

Le passage par l’enregistrement est également un bon moyen de conclure le travail en aboutissant à une réalisation concrète, les élèves ont été très intéressés et même souvent fiers de leur rendu. Ce dernier travail au CDI est extrêmement utile dans l’optique de la préparation au Grand oral.

BIBLIOGRAPHIE :
 BERSTEIN S. et MILZA P., Dictionnaire historique des fascismes et du nazisme, André Versailles, 2010.
 CHAPOUTOT J., « Le nazisme. Une idéologie en actes », La Documentation photographique n°8085, Paris, Documentation française, 2012
 CHAPOUTOT J., Fascisme, nazisme et régimes autoritaires en Europe (1918-1945), PUF, 2013
 MAGNIEN B., « Temps de crise et ‘‘Années folles’’ en Espagne », in L’Année 1925, PU Nanterre, 2012
 MILZA P., « Les Italiens, le fascisme et Mussolini », in « L’Italie, 150 ans d’une nation », Les collections de l’Histoire, n° 50, février 2011