Ankara, ville européenne et mondiale

03 / 02 / 2010 | L’hospitalier Franck
C’est l’occasion de découvrir la capitale turque, Ankara, méconnue à cause du rayonnement d’Istanbul.

La cité fut fondée par les Phrygiens. Elle prospéra grâce à sa situation, au carrefour des routes commerciales nord-sud et est-ouest. Après une succession de domination (hellène, séleucide, puis gallate), elle fut annexée par Auguste à l’Empire romain en 25 av. J.-C., et la baptisa Ankyra. Pendant l’Empire ottoman tomba doucement dans l’anonymat jusqu’à ce qu’Atatürk la choisisse comme nouvelle capitale du pays (octobre 1923) et lança un programme de développement. Il consulta des urbanistes européens, notamment allemands, avant d’en faire une ville ordonnée autour de longs et larges boulevards. Aujourd’hui, la concurrence entre les deux métropoles du pays, Istanbul et Ankara, se modifie. Il ne s’agit plus pour la capitale de s’opposer à Istanbul mais de s’affirmer comme une métropole européenne et mondiale néanmoins encore incomplète.

Intégration dans les programmes

Lycée : classe de Seconde. Temps estimé avec reprise : deux heures

Thème obligatoire : Dynamiques urbaines et environnement urbain

Cette étude de cas de la ville d’Ankara permet d’étudier une grande ville qui connait un processus de métropolisation à l’échelle nationale et mondiale, cependant inachevé. Les contrastes, les dynamiques et la patrimonialisation montrent les permanences et les mutations d’un espace urbain dans lequel les manières de vivre et de se déplacer connaissent une uniformisation qui s’insère dans la mondialisation. Cependant la situation géographique, les conditions historiques de la construction d’un Etat moderne au XXème siècle, économiques et culturelles jouent un rôle primordial.

Démarche pédagogique

Le principe est de faire d’Ankara une étude de cas. Les powerpoints ci-dessous didactisés, peuvent être utilisés de la façon dont l’entend l’enseignant puisqu’ils s’organisent selon les parties répondant à la problématique choisie.

I-Contrastes

[diapo 1] présentation

[diapo 2] quartier de la citadelle (Ulus) et étalement urbain à la verticale
La citadelle, dans sa forme actuelle, date du XIème siècle avec à l’intérieur un village turc traditionnel. L’habitat se compose de maisons anciennes, construites sur le flanc des collines du centre (1er plan) qui contrastent avec les immeubles et bâtiments administratifs (2nd plan).
La photographie montre la concentration du peuplement sur l’ensemble du territoire d’Ankara. L’exode rural, processus engagé à l’échelle du pays, provoque des flux migratoires en direction des villes et des grandes villes turques, y compris la capitale. La population atteint désormais les cinq millions d’habitants. Pour accueillir, les nouveaux arrivants, l’habitat collectif est la règle : d’abord aux franges de l’agglomération, sur les pentes du plateau anatolien. Les immeubles sont verticaux, un espace est laissé entre chacun. La colonisation du revers du plateau est également à l’œuvre (3ème plan) avec des grands ensembles.

[diapo 3]
La compétition pour l’espace est vive et les promoteurs s’appuient sur les crédits bancaires pour proposer l’achat d’habitation dans les quartiers périphériques. Les quartiers résidentiels du centre connaissent un processus de « gentrification » comme par exemple celui de Bagçelievler (quartier des maisons avec jardins). La population y est vieillissante, peu à peu remplacée par des catégories sociales plus aisées. Dans la rue Ascabat caddesi, surnommée « septième avenue », les enseignes européennes se multiplient. Les jeunes turcs viennent passer leurs soirées et consommer sur le modèle occidental.

[diapo 4] Travail informel
Le travail informel se maintient en Turquie. Si dans les commerces, les salaires sont légaux pour les emplois de salariés, de nombreux petits métiers sont courants comme, par exemple, dans le traitement des déchets et les « services » quotidiens (livraisons). Les deux photographies montrent un livreur de pastèques et un « çöpçü » qui trie certains produits recyclables pour les revendre (cartons, plastiques, etc.). Pour le festival du court métrage scolaire francophone 2009 qui a eu lieu au lycée français Antoine de Saint Exupéry à Santiago du Chili en mars, les élèves de Terminale L du lycée Charles de Gaulle d’Ankara ont réalisé un film, La ronde du çöpçü, qui répondait à la thématique suivante : « Racontez votre ville ou votre village ». Le prétexte est la découverte d’un objet, le taureau symbole de la cité, par un çöpçü qui fait les poubelles le matin et le soir.

Film La ronde du çöpçü

[diapo 5]
La saturation de la circulation automobile est de mise dans le centre-ville (Les voitures se partagent les rues avec les « dolmus » (petits bus privés) qu’empruntent habituellement les habitants d’Ankara) et les boulevards intérieurs ainsi que l’autoroute périphérique (à l’origine, la ville a été ordonnée autour de longs et larges boulevards qui sont complété par une autoroute périphérique) offre une accessibilité plus grande.

II-Dynamiques et mutations

[diapo 6]Gare ferroviaire : un renouveau.
La liaison TGV Ankara-Istanbul est en partie terminée. Au départ de la gare d’Ankara, un des plus beaux exemples de construction du mouvement Bauhaus dans les années 1930, le premier tronçon à voie rapide est achevé jusqu’à la ville de Eskisehir. A terme, cette liaison doit relier les deux métropoles en trois heures. Il s’agit d’une mise en concurrence du train avec le bus et l’avion alors qu’il faut compter 24 heures pour le trajet Ankara-Erzurum, soit le double du temps que met le bus.

[diapo 7]
Croquis : réseau des voies rapides autoroutières et ferroviaires

[diapo 8]La gare routière dans le quartier d’Asti : espace en recomposition
La première photographie présente la gare routière d’Ankara en 2009. Cette gare répond aux logiques du transport à l’échelle turque, et à la volonté d’aménagement de la capitale avec la recomposition des espaces proches.
La gare routière est un exemple des nouvelles infrastructures de transport. Le réseau de transport de bus est orienté vers le territoire national (à contrario de l’aéroport jusqu’à une époque récente ; les compagnies low cost se développant rapidement. Cependant, Ankara ne joue pas la fonction de hub que peut avoir Istanbul). Sa situation à proximité des boulevards périphériques le rend plus accessible, et finalement plus attractif, le long d’un axe est-ouest. Ici, les terrains faiblement bâtis, permettent la construction de grandes infrastructures, stratégiquement localisée entre le tissu urbain dense, le chemin de fer et l’autoroute périphérique à l’Ouest (photographies suivantes). Il s’agit d’une zone d’expansion métropolitaine : université technique, siège du parti politique AKP, centre commercial de grande envergure Carrefour (Armada), concessionnaires automobiles, nombreux immeubles de bureaux qui nous permet d’envisager une nouvelle centralité.

[diapo 9] Amélioration des mobilités internes : métro et réseau ferré urbain en projet.
Des efforts sont faits par la municipalité parce que les mobilités intra-urbaines sont plus grandes. Le réseau métropolitain se densifie et s’étend au-delà du tissu urbain. Situé à 35 km du centre-ville, l’aéroport n’est pas connecté avec le réseau de transport ferré. Cependant, les liaisons de bus sont régulières et nombreuses.

[diapo 10] Régénération urbaine du centre-ville : le grand parc.
Conçu lors du programme de développement urbain initié par Atatürk, le grand parc vient de rouvrir ses portes après une période d’aménagements : de nouveaux bâtiments culturels complètent les éléments boisés et le lac artificiel dans un cadre paysager.

III-Préservation et patrimonialisation

Une « touristification » engagée mais limitée à des espaces en voie de préservation et localisés

[diapo 11] Le quartier d’Ulus
A l’intérieur de la citadelle, des femmes battent et trient les écheveaux de laine à côté d’inévitables boutiques de tapis. Désormais, la municipalité rénove les boutiques à l’extérieur des murailles. Des orfèvres travaillent le cuivre ainsi que la réfection des principaux musées. L’effort est mis sur le patrimoine ottoman.

[diapo 12]
Le mausolée d’Atatürk, Anit Kabir
Situé sur une hauteur au milieu d’un parc, à 2 km environ du centre-ville, se dresse le mausolée du père de la nation turque. S’y trouve un musée consacré à Atatürk, à la Libération du pays ainsi qu’à sa construction qui en fait un pays laïque, progressiste (droit de vote des femmes en 1934, port du costume occidental) dans les années 1920 et 1930. Aujourd’hui, c’est le passage obligé pour tous les écoliers turcs.

[diapo 13]Modernisation des infrastructures hôtelières
Les hôtels proches des sites archéologiques romains et de la citadelle sont désormais concurrencés par de nouveaux complexes hôteliers construits dans les secteurs commerciaux et résidentiels aisés du centre. Cette nouvelle pratique territoriale s’explique par un tourisme essentiel national, qui reste limité dans le centre-ville, tandis que les quartiers commerçants et résidentiels qui ont connu un processus de « gentrification », concentrent des populations plus aisées et des hommes d’affaires.

[diapo 14] Croquis de synthèse

Auteur : Franck L’hospitalier, collège Iqbal Masih, Saint-Denis (93)