Enseigner le commerce international au XVIIIe siècle

28 / 09 / 2020 | Webmestre

Une séquence proposée un enseignant de collège en deux parties qui articule AP et EPI.

Programmes

L’étude des échanges liés au développement de l’économie de plantation dans les colonies amène à interroger les origines des rivalités entre puissances européennes, l’enrichissement de la façade atlantique, le développement de la traite atlantique en lien avec les traites négrières en Afrique et l’essor de l’esclavage dans les colonies

Socle

Même si cette séquence est bien sûr l’occasion de construire des repères historiques et géographiques, c’est surtout la compétence "raisonner, justifier une démarche et les choix effectués" (domaines 1 et 2 du socle, cf. Bulletin officiel spécial n° 11 du 26 novembre 2015, p. 308) qui est ici travaillée.
La séance d’AP proposée s’attache plus spécifiquement au domaine 2 en cherchant à
développer chez les élèves "l’aptitude à l’échange et au questionnement" (Bulletin officiel n° 17 du 23 avril 2015, p. 4).

Démarche

A la fin de cette présentation, vous trouverez le diaporama complet. Bonne lecture !

Dans une première partie (Le trajet des esclaves, de l’Afrique à l’Amérique), le professeur organise un AP sur les sources en histoire. L’objectif est de comprendre ce qu’est une source en histoire (intentions, fiabilité, valeur documentaire).
I.Le trajet des esclaves, de l’Afrique à l’Amérique (2 heures environ)
La première partie (I.le trajet des esclaves, de l’Afrique à l’Amérique) permet aux élèves de rentrer dans la question du négoce international par l’exemple du commerce triangulaire et de la traite négrière. Un travail sur fiche documentaire prépare la rédaction autonome d’une réponse à la problématique, à faire formuler par les élèves en début de séance (par exemple, "comment des Africains se sont-ils retrouvés à travailler comme esclaves en Amérique ?").
La classe est ensuite divisée en trois groupes (sans avoir besoin pour cela de faire changer les élèves de places) : chacun travaille sur une étape du trajet des esclaves, la capture et le troc, la traversée de l’Atlantique et enfin le travail forcé en Amérique. Chaque fiche propose un questionnement de difficulté graduée : d’abord, une question de localisation pour que l’élève comprenne bien sur quelle étape il travaille, des questions d’analyse et de compréhension des documents et enfin une petite question de synthèse pour faire le point sur ce que la fiche apprend sur l’étape en question.

AP groupe 1
AP groupe 2
AP groupe 3


II. Négoce international et rivalités coloniales (1 heure environ)

Du point de vue des compétences, Cette seconde partie de la séquence vise surtout à apprendre aux élèves à "construire des hypothèses d’interprétation des phénomènes historiques" (p. 308 du programme). Pour cela, cette partie s’articule autour de trois moments.
 D’abord la préparation d’une hypothèse (la problématique) : c’est l’objet de la 1ère fiche élève, qui peut être donnée à faire à la maison pour gagner du temps. En réinvestissant la notion de commerce triangulaire (que les élèves doivent tracer sur la carte de cette fiche) et en identifiant les plus grands empires coloniaux du XVIIIe siècle, ils doivent formuler eux-mêmes la problématique (en se servant aussi du titre du II. "Négoce international et rivalités coloniales"). Cela peut ainsi donner : "Est-ce que le négoce international a pu conduire à des rivalités coloniales au XVIIIe siècle ?". Pour faciliter la tâche aux élèves, le professeur peut bien sûr, lorsque le titre du II. est écrit dans le cahier, rappeler à l’oral le sens de mots comme "négoce" ou "colonial", quitte à les définir ensuite à l’écrit lors de la rédaction de la trace écrite.
 Le deuxième moment de cette séance est consacré à la vérification de l’hypothèse à
partir de l’exemple de la guerre de Sept ans. Le questionnement de la fiche-élève qui lui correspond permet aux élèves de comprendre l’intérêt commercial qu’il pouvait y avoir, pour une puissance, à étendre son empire colonial. Cela leur permettra de proposer des exemples précis à l’appui de leur argumentation lorsqu’ils devront répondre à l’hypothèse formulée précédemment.
 Enfin, le troisième moment est justement celui de la rédaction autonome d’une réponse argumentée à cette hypothèse. La séance se conclut par l’élaboration d’une trace écrite commune, sous l’égide du professeur, après que la classe ait écoutée quelques propositions d’élèves.

Fiche élève

Proposition d’EPI

La réalisation d’une BD historique en figurines playmobil.

L’EPI présenté a pour thématique : culture et création artistique. Il s’agit d’une reconstitution historique, sous la forme d’une bande dessinée, en playmobils. Les disciplines mobilisées sont l’histoire et le français avec le concours du professeur(e)
documentaliste.
Cette proposition d’EPI peut impliquer, en plus du professeur d’histoire, un professeur de lettres ou un professeur documentaliste. Cet EPI vise à concevoir avec les élèves une BD historique au contenu fiable et documenté en playmobils autour du programme d’histoire de 4ème. Ils devront concevoir un scénario, écrire dialogues et cartouches, et enfin mettre en scène leur script. Ce projet implique bien sûr de se fournir en pièces Playmobil, ce qui est faisable en sollicitant les finances du collège. Ce financement a été possible dans le collège où je travaille à hauteur de 300 euros.

Le thème implicite de cet EPI est donc celui de la reconstitution historique, ce qui peut
ouvrir des séances intéressant le parcours culturel (PEAC) autour de la présentation
rapide d’oeuvres d’art (peinture, littérature...) ayant pour sujet une page d’histoire. Cet EPI mettant en jeu l’image, il peut être aussi l’occasion d’une évocation des métiers du
graphisme et de l’image, utile pour le "parcours avenir".

Modalités d’organisation

Concernant les modalités d’organisation, la classe peut être répartie en îlots de quatre
élèves au CDI. Un des groupes peut être désigné à la mise en scène (ils manipuleront les playmobils). Il est très important qu’il n’y ait pas plus de quatre élèves manipulateurs des figurines et accessoires pour éviter des débordements. Les autres groupes élaboreront le scénario et participeront à l’effort documentaire.
Le travail peut ensuite être organisé en 3 étapes :
 la conception du script,
 l’écriture des dialogues (bulles) et des cartouches,
 la mise en scène des vignettes à l’aide des pièces playmobil.

Le travail peut être mutualisé après chaque étape pour convenir d’une seule version du script et du texte. Puisqu’il s’agit de mettre en scène le programme, pour le thème 1 ("le XVIIIe siècle. Expansions, Lumières et révolutions"), les élèves peuvent par exemple travailler sur Nantes au XVIIIe (3 planches peuvent suffire pour ce thème) :
 le négociant Jean Mosneron au travail (planche n°1) : pour faciliter la reconstitution et
l’écriture d’un scénario, il vaut en effet mieux proposer un document d’accroche aux
élèves. Celui proposé ici est tiré des mémoires du négrier nantais Joseph Mosneron
racontant la vie quotidienne de son père Jean, lui aussi négrier.

 Pour la planche n°2, pour travailler sur les Lumières, les élèves peuvent garder le
personnage historique de Jean Mosneron en le mettant en scène lors d’une séance
d’académie. En effet, le document d’accroche mentionne sa participation à ce type de
réunions savantes. La contradiction entre idéaux des Lumières et esclavage peut être
envisagée alors.

 Pour la planche n°3 qui pourrait être consacrée (encore une fois, ce n’est qu’une
suggestion) à la Révolution, le professeur peut trouver des documents d’accroche
concernant la Terreur à Nantes...
Evidemment, il ne saurait être question de consacrer toute la BD playmobil à réaliser à la seule ville de Nantes. Une fois le thème 1 terminé, d’autres lieux et d’autres personnages historiques sont à trouver pour poursuivre le programme.

Modalités techniques

Du point de vue technique, comme on peut le voir avec l’exemple de planche que j’ai
réalisée (visible sur le diaporama commenté), il s’agit en fait plus d’un "roman-photo" que d’une véritable bande-dessinée. Le dessin étant extrêmement "chronophage", pour gagner du temps, les vignettes sont constituées de photographies prises depuis une tablette tactile ipad (mais un smartphone ferait aussi l’affaire). L’application Comic Life (disponible sur l’appstore, mais des équivalents Androïd existent) permet ensuite de caser les photographies prises des scènes faites par les élèves en playmobils dans une mise en page de type BD. Il est enfin possible, toujours grâce à cette application, de remplir facilement les bulles et les cartouches que les élèves auront écrits.

Le diaporama commenté.

Diaporama
 

Portfolio