Les débuts du christianisme

22 / 06 / 2009 | ANANIAN Jérôme

Le thème "Les débuts du christianisme" n’est pas nouveau, mais il est renouvelé, sur le fond comme sur la forme.

Sur le fond, en particulier, il ne s’agit plus d’aborder l’étude à partir de "Jésus, dans son milieu historique et spirituel", mais des premiers chrétiens, à partir des années 50, lorsque Paul, puis les Evangélistes, fixent véritablement les fondements d’une nouvelle religion.

Sur le plan didactique, l’accent est mis sur l’acquisition et la mise en oeuvre des compétences disciplinaires : décrire, expliquer, pour produire un récit historique répondant à une problématique.

Objectifs

La naissance de la religion chrétienne est définie dans le cadre des premières communautés chrétiennes de la deuxième moitié du Ier siècle. Les fondements de cette nouvelle religion sont étudiés à partir d’extraits des Evangiles et du récit de la Passion. Enfin, l’évolution de ses relations avec l’empire romain permet d’expliquer comment elle est passée de la persécution au triomphe, du IIe au Ve siècle. Pouvoir et religion, deux notions centrales du programme d’histoire en sixième sont croisées.

À chaque séance, la capacité à raconter est mise en oeuvre, d’une manière ou d’une autre. Elle implique de décrire des phénomènes, d’en dégager une problématique, de rechercher des explications, de construire un récit. L’évaluation de ces compétences peut prendre différentes formes (voir A. Berthon-Dumurgier, " Travailler par compétences : Raconter ", pour l’expérimentation de la séance 3).

Situation pédagogique

Niveau : Collège 6ème

Place dans le programme : L’étude correspond au deuxième thème de la partie IV : Les débuts du judaïsme et du christianisme. Les élèves ont donc des connaissances sur l’Empire romain et sur le judaïsme, ce qui facilite la mise en contexte. Elle précède le dernier chapitre d’histoire sur les Empires chrétiens du haut moyen-âge.

Durée : 4 heures (évaluation comprise)

Modalités d’organisation : Les deux premières séances sont précédées d’un travail à la maison, permettant de définir en classe la problématique de la leçon. La troisième séance est présentée à partir d’un fichier powerpoint, au vidéoprojecteur.

L’évaluation est prévue pour ne durer qu’une demi-heure, permettant ainsi aux élèves de suivre le corrigé juste après avoir composé leur devoir, sans risque d’oubli ou de perte de temps à la séance suivante.

Les repères sont notés sur le fond de carte et la frise chronologique au fur et à mesure de la séquence.

Le choix opéré dans la troisième séance porte sur la présentation du rôle de Constantin.

Déroulement

SEANCE 1 : La naissance de la religion chrétienne

Travail péalable à la maison : extraits de la correspondance entre Pline et Trajan (doc. 3), trois questions :
Qui est Pline ? Que demande-t-il à l’empereur ? Que répond l’empereur Trajan au début du IIe siècle ?

En classe, la reprise permet de poser la problématique :
Qui sont les premiers chrétiens ? Comment sont-ils accueillis par les non-chrétiens ?

 Le professeur commence par raconter Paul, ses origines, sa conversion. Un questionnement oral simple permet d’expliquer deux documents représentatifs de l’action et du message de Paul (docs 1 et 2). On note au fur et à mesure, de manière synthétique, les réponses dans le tableau (colonne « informations tirées des documents (brouillon) »).

 A l’aide de ce brouillon, les élèves rédigent une réponse aux deux questions de départ, qui constitue la trace écrite.

 Ce récit devra montrer que les chrétiens sont ceux qui croient que Jésus était le Christ (Messie), annoncé dans la Bible hébraïque. Si les juifs sont les premières cibles de cette croyance, sous l’action de Paul, elle s’étend en Asie Mineure, en Grèce et à Rome, parmi les non-juifs, dans la deuxième moitié du Ier siècle. Le christianisme devient ainsi une religion nouvelle qui entre en concurrence avec la religion romaine. C’est pourquoi elle est interdite au début du IIe siècle.

Repères :
 Jérusalem, Palestine, Rome.
 Première diffusion du christianisme.
 Mort de Jésus vers 30.

consulter le document : La naissance de la religion chrétienne

SEANCE 2 : Jésus et son message dans les Evangiles

Les élèves, divisés en 3 groupes, lisent à la maison l’un des trois extraits des Evangiles sélectionnés par le professeur. L’exercice consiste à raconter, en résumé, un passage des Evangiles et à en expliquer le sens pour les chrétiens.

En classe, on pose la question de départ :
« Comment les Evangiles racontent la vie et le message de Jésus ? »

 Un élève de chaque groupe présente son résumé à la classe. Au fur et à mesure, on renseigne le schéma fléché : « les principales croyances chrétiennes dans les Evangiles ». (Les élèves ne notent que ce qui est en caractères gras)

 Le professeur s’appuie sur des panneaux extraits des Scènes de la Passion, de Duccio di Buosinsegna, Sienne, 1308-1311, pour raconter les épisodes de la Cène à la résurrection, et montrer que l’incarnation et la résurrection sont les deux fondements théologiques majeurs du christianisme.
On fait noter quelques phrases résumant les principales croyances chrétiennes, en insistant sur ces deux points.

 En menant une étude critique de certains passages des Evangiles étudiés par les élèves, le professeur apporte des informations sur leur auteur, leur date, leur destinataire. La contextualisation permet de figurer les quatre Evangiles sur la carte et sur la frise. On note l’essentiel à retenir : le message de Jésus dans les Evangiles est universel, il est à l’origine de croyances (promesse de vie éternelle) et de rites (l’eucharisitie) spécifiques. (Les élèves ne notent que ce qui est en caractères gras)

Repères :
 Fin du Ier siècle : Ecriture des Evangiles.
 Travail à la maison : chercher dans le manuel, noter et apprendre la définition de Nouveau Testament.

consulter le document : Jésus et son message dans les Evangiles

SEANCE 3 : Les chrétiens et l’empire romain

 Au vidéoprojecteur, deux documents d’accroche : l’un sur les persécutions subies par les chrétiens entre le IIe et le début du IVe siècle, l’autre, sur le triomphe du christianisme du IVe au Ve siècle. On pose ainsi la problématique : « Comment est-on passé d’un christianisme persécuté à un christianisme triomphant ? ». Un tableau chronologique permet aux élèves de noter des éléments de réponse pour chaque période sans perte de temps.

 L’étude démarre par le récit du professeur d’un épisode des persécutions. Le récit incarné, tout en livrant des détails "croustillants" captant l’attention des élèves, veille à montrer, en quelques minutes, pourquoi et dans quelle mesure les chrétiens sont persécutés, la nature et les effets de ces persécutions.

 Après avoir raconté brièvement la conversion de Constantin, l’étude de l’édit de Milan et de courts extraits d’Eusèbe de Césarée montre que le règne de Constantin constitue une rupture majeure dans l’évolution des relations entre christianisme et pouvoir impérial. Dès lors, l’empereur et l’Eglise (que l’on définit) légitiment et renforcent mutuellement leur pouvoir. A ce sujet, on lira avec profit l’ouvrage de Paul Veyne "Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)".

 La reprise du second document d’accroche (la statue de Valentinien Ier) ou la description de la basilique Sainte Sabine de Rome, illustre le passage du christianisme au rang de religion officielle, obligatoire et exclusive.

 Les élèves utilisent alors leur tableau complété pour rédiger quelques phrases ordonnées, en réponse à la problématique initiale.

Repères
 IIe-IVe s. : christianisme persécuté et diffusion limitée ; IVe-Ve s. : triomphe du christianisme impérial et organisation de l’Eglise ; 313 : édit de Milan par l’empereur Constantin.
 Régions en partie chrétiennes au IVe s.

consulter le document : Les chrétiens et l’empire romain

EVALUATION

L’évaluation, courte, permet de réinvestir les connaissances sur les fondements du christianisme et l’évolution de ses rapports avec l’empire. Elle s’appuie sur des documents étudiés en classe (les scènes de la passion de Duccio) et deux textes courts sur le dimanche, jour sacré pour les chrétiens, puis pour tout l’empire. Elle permet également d’évaluer la capacité à produire un récit historique.

Après une demi-heure de travail, le devoir est ramassé et corrigé.

consulter le document : L’évaluation : Les débuts du christianisme

Bilan de l’expérimentation

La place du thème dans le programme permet de s’appuyer sur les connaissances encore fraiches des chapitres sur l’empire romain et le judaïsme.

La liberté d’utiliser des documents de statut varié (accroches, illustrations ou références à étudier de manière plus approfondie) permet à la fois de maintenir l’attention des élèves et de gagner du temps.

La production du récit par les élèves est particulièrement formatrice et appréciée. A l’oral ou à l’écrit, ils apprennent à produire un récit cohérent et ordonné en réponse à une problématique.

Le travail donné à la maison n’est pas toujours fait, mais il est conçu de telle sorte que tous suivent la leçon et en comprennent le sens, dans la mesure où il est repris en classe (mise en commun, résumé sous la forme d’une problématique, etc.).

Auteur de l’article

ANANIAN Sevan

Collège Georges Braque, Neuilly-sur-Marne

Post Scriptum :

A l’oral ou à l’écrit, apprendre à produire un récit cohérent et ordonné en réponse à une problématique.