Sujet d’étude : La santé

26 / 11 / 2007
Thème : Uniformisation et fractures du monde

Classe de terminale STG

Thème : Uniformisation et fractures du monde

Sujet d’étude : La santé

Proposition de programmation :

Il semble nécessaire de commencer par l’étude de la mondialisation qui constitue le cadre général du programme. On pourrait ensuite choisir soit de prolonger cette étude en travaillant sur les pôles et aires de puissance afin de montrer comment la mondialisation hiérarchise l’espace mondial, soit de nuancer le propos en abordant directement le thème « Uniformisation et fractures du monde » qui met davantage l’accent sur les limites de l’acception de la mondialisation notamment dans son aspect culturel. Mais les sujets d’étude liés au thème « Uniformisation et fractures du monde » faisant appel aux inégalités de développement comme facteurs de différenciation, il peut être préférable de le traiter en dernier.

La mise en oeuvre pédagogique du thème :

On propose pour traiter le sujet d’étude de partir des acquis du thème « Pôles et aires de puissance » où l’accent a été mis à la fin du traitement de la question obligatoire sur les différences de développement existant à la surface du globe. Le sujet d’étude est donc utilisé comme une transition entre cette question et le thème « uniformisation et fracture du monde » qu’il introduit.

Principales notions à aborder dans le traitement du sujet d’étude :
Mondialisation, développement, IDH, inégalités, coopération internationale, systèmes de santé

Pistes pour la mise en œuvre du sujet d’étude :

On propose de privilégier une entrée concrète dans ce thème afin d’essayer de susciter davantage l’intérêt des élèves que par une approche trop statistique. On peut par exemple entamer une réflexion autour de l’épidémie de Sida. L’utilisation d’un planisphère représentant la diffusion du virus HIV en document- amorce permet, en particulier s’il s’agit d’une anamorphose, de montrer assez clairement que cette épidémie concerne surtout aujourd’hui les pays du Sud, le contre-exemple de la Russie permettant au passage de s’interroger avec les élèves sur le niveau de développement actuel de ce pays dit du Nord.

Site internet de l’OMS :
http://gamapserver.who.int/mapLibrary/Files/Maps/HIVPrevalenceGlobal2006.png

La taille de chaque espace est proportionnelle au nombre de personnes âgées de 15 et 49 ans infectées par le HIV.
http://www.worldmapper.org/display_extra.php?selected=371

- on se demande alors comment les pays du Sud font face à l’épidémie. On peut tenter de répondre à cette question en comparant la situation de deux d’entre eux, le Brésil et la république centrafricaine à partir de quelques documents.

Exemples :

Extrait d’un article de « L’Express » du 3 janvier 2001 : « Sida : le Brésil montre la voie » par Michel Faure, Fernanda Levy

Le Brésil, ce riche pays pauvre, est devenu un modèle d’efficacité dans la lutte contre le sida. Depuis le début de l’épidémie, on y a officiellement enregistré 196 000 infections - en fait, il est probable qu’environ 500 000 personnes soient porteuses du virus. Et 100 000 personnes en sont mortes. Les 96 000 patients vivants suivent tous une trithérapie, une association de plusieurs médicaments que chacun, ici, désigne sous le plaisant vocable de coquetel, lequel évoque plutôt une tournée dans un bar qu’une file d’attente dans une pharmacie. La plupart des médicaments de ce cocktail médical sont fabriqués sur place, sous forme de produits génériques, et le gouvernement, dès lors, dépense en moyenne 4 700 dollars par patient et par an pour un traitement qui coûte environ 12 000 dollars aux Etats-Unis ou en Europe. Grâce aux trithérapies, la vie reprend le dessus. En l’an 2000, le nombre des décès dus au virus était de 50% inférieur à celui de 1997, voire de 70% dans une ville comme São Paulo, sans doute parce que les traitements y sont suivis de façon plus rigoureuse. Les hospitalisations pour infections opportunistes ont diminué de 80% depuis 1997.
En trois ans, les autorités estiment avoir ainsi économisé 677 millions de dollars en frais d’hôpitaux, sans parler des gains que suppose le retour à une vie normale et la reprise d’un emploi, pour des « malades » redevenus « bien portants ». Par ailleurs, la progression de l’épidémie s’est ralentie pour s’établir en moyenne à 20 000 nouveaux cas chaque année, soit deux fois moins que ne le prévoyait, dans ses projections de 1995, l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Comparé à certains pays du Sud, notamment africains, où l’infection peut atteindre plus de 30% de la population, le Brésil ne compte que 0,6% de sa population adulte affectée par le sida. Un remarquable succès. (…)
En attendant, le Brésil soutient toujours, malgré sa fabrication de remèdes génériques, un effort financier considérable pour faire face à l’épidémie, en assurant la distribution des médicaments aux malades. Le budget qui y était affecté s’élevait, en 1998, à 305 millions de dollars. (…)
A tout cela s’ajoute encore un élément, essentiel et singulier : la société brésilienne, ouverte, pragmatique, hédoniste, qui sait, face aux difficultés, associer l’humour et le militantisme, et qui traite le sexe non comme un sulfureux tabou mais comme un don divin.

Un article du monde.fr de décembre 2005

Le Brésil est en train de construire la première usine publique de fabrication de préservatifs dans le cadre de sa politique de lutte contre le sida. Pedro Chequer, chef du programme antisida du ministère de la santé, a indiqué que l’usine implantée à Xapuri, dans l’Etat amazonien de l’Acre, producteur de latex, commencera à produire un million de préservatifs l’année prochaine. "C’est la première fabrique d’Etat de préservatifs du Brésil et peut-être du monde", a souligné Chequer (…).
Le programme de prévention et traitement du sida qui prévoit la distribution gratuite de 17 médicaments antirétroviraux a permis depuis 1996 de contrôler l’épidémie au Brésil où l’on estime à 600 000 le nombre de séropositifs et de malades, soit la moitié du nombre qui avait été prévu pour l’an 2000. Les campagnes publicitaires du ministère en faveur de l’utilisation massive du préservatif ont provoqué des frictions avec l’Eglise catholique, qui ne reconnaît pas son efficacité et prône l’abstinence sexuelle. Le ministre de la santé, Saraiva Felipe, a toutefois déclaré que le Brésil continuerait à utiliser tous les moyens disponibles de lutte contre le sida "sans tenir compte des considérations morales ou religieuses". Le gouvernement brésilien distribuera gratuitement un milliard de préservatifs dans le pays en 2006 contre 650 millions en 2005.

La campagne de prévention brésilienne diffusée pendant le carnaval 2007 (« Avec le préservatif, c’est la joie pendant et après la fête ») - différents supports : http://www.aids.gov.br/data/Pages/LUMISC00B1070ITEMID1B7DC3DD216A4460A1EB759E6EF2584FPTBRIE.htm

Extrait d’un article de « Jeune Afrique » sur la situation de l’épidémie de Sida en Centrafrique (3 juin 2002, Juliette Bastin) :

La République centrafricaine (RCA) fait partie de ces pays subsahariens où le sida ne bénéficiait pas encore des attentions qu’il nécessite. La première vraie campagne de distribution d’antirétroviraux (ARV) démarre à peine, à l’initiative d’une organisation non gouvernementale (ONG) française, Hanuman.

La RCA est le dixième pays le plus touché à l’échelle africaine et mondiale, avec une séroprévalence de 14 %. Les orphelins avoisinent les 100 000. Les efforts des autorités se sont limités à la création d’un Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) et d’un Plan national de lutte contre le sida (PNLS).

Mais ces deux organes ciblent leurs actions sur l’éducation et la prise en charge des maladies opportunistes. Ils ne disposent que de faibles budgets, provenant de l’aide extérieure : don du Pnud en août 2001 de 500 millions de F CFA (762 000 euros), et prêt de la Banque mondiale de 12 milliards de F CFA, destinés respectivement au fonctionnement du CNLS et du PNLS, et don d’une ONG japonaise de 444 millions de F CFA pour financer les soins. Lors de la première session du Fonds mondial de lutte contre le sida, la malaria et la tuberculose, aucun projet présenté par la RCA n’a reçu de financement.

La volonté d’engagement du président Ange-Félix Patassé est là, mais l’action est encore balbutiante, en particulier en ce qui concerne la fourniture des ARV. La RCA avait négocié des tarifs à la baisse, dans le cadre du programme des Nations unies « Accélérer l’accès », avec le laboratoire Merck, qui avait également formé le responsable de la campagne de distribution. Mais celle-ci n’a jamais démarré. Conséquence, « la mort est omniprésente et la vue des malades en phase terminale, sans soins, dans les rues, particulièrement éprouvante »,témoigne Bernard Leclerc, conseiller français auprès du président Patassé. Cette détresse l’a amené à se demander comment il pourrait agir. Il présente un projet à Patassé, qui lui donne carte blanche. Hanuman, ONG française à compétence centrafricaine, venait de naître. Restait à trouver des ARV à faible coût, mais il suffisait pour cela de réactiver les accords signés avec Merck. (…)

Hanuman se fixe comme objectif, pour fin 2002, la mise sous traitement de 300 personnes. Dans un premier temps, un médecin français sera salarié de l’association, et permanent au centre. D’autres viendront, ponctuellement et bénévolement, apporter leur soutien. Le laboratoire Merck a donné son accord pour assurer la formation de médecins centrafricains et un partenariat interhospitalier est en cours de création entre l’hôpital communautaire de Bangui, celui d’Orléans, et les hôpitaux Necker et Pompidou de Paris.

« Jeunes, ne devenez pas père ou mère trop tôt » : pièce de théâtre de lutte contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles en Centrafrique

Source : site internet du CRIPS

Le travail de comparaison peut tout d’abord concerner les dommages causés par l’épidémie dans les deux pays : ils sont relativement limités aujourd’hui et de plus en plus faibles au Brésil notamment grâce à un accès facilité aux traitements antirétroviraux, alors qu’en Centrafrique la situation est de plus en plus alarmante et l’accès aux médicaments est difficile.

On peut ensuite faire un point de l’action publique de ces deux pays face au Sida au début des années 2000, en soulignant tout d’abord la différence des moyens financiers des états brésilien et centrafricain. Ceci peut être mis en relation avec la richesse de ces deux Etats, par exemple à l’aide d’une carte mondiale du PIB par habitant. Ces situations économiques très différentes expliquent que l’action du gouvernement brésilien soit bien plus développée (fabrication de médicaments antirétroviraux, campagnes de prévention, création d’usines de fabrication de préservatifs) que celle du gouvernement centrafricain. On peut aussi souligner avec les élèves que cela induit une plus ou moins grande dépendance à l’extérieur et en particulier aux pays développés : la république centrafricaine est dépendante de l’aide du laboratoire Merck, d’une association et d’hôpitaux français pour permettre un accès aux traitements antirétroviraux. L’indépendance du Brésil pour la fabrication de médicaments antirétroviraux permet à l’inverse d’élargir le sujet à la question de la régulation de la mondialisation par les différents acteurs et en particulier les FMN, les grandes organisations internationales et les ONG, en évoquant le problème de la propriété intellectuelle des formules médicamenteuses, encore en débat aujourd’hui malgré les avancées du protocole de Doha en 2001 (il permet à l’industrie pharmaceutique des PVD de copier certains médicaments de grands laboratoires des pays riches sans risquer de procès pour non-respect de la propriété intellectuelle). Ce thème de la propriété intellectuelle doit être relativement familier des élèves qui l’envisagent dans le programme d’économie-droit.

Enfin, les modalités de la prévention sont différentes. Au Brésil les campagnes incitent aux relations sexuelles protégées, malgré l’opposition de l’Eglise catholique, et le font sur un mode festif par exemple en lien avec le grand événement national qu’est le carnaval. En Centrafrique la prévention est transmise plus oralement (pièce de théâtre) et insiste surtout sur le problème de la transmission du virus de la mère à l’enfant dans le cadre des grossesses précoces. Le remarquer permet de poser quelques premiers jalons de l’étude de la diversité culturelle du monde qui sera faite dans le chapitre.

- on peut ensuite élargir la réflexion à l’échelle mondiale, d’abord en étudiant quelques cartes représentant l’extension de pathologies majeures pour lesquelles existent aujourd’hui des moyens de prévention et des traitements comme la tuberculose ou la poliomyélite, ce qui permet d’opposer Nord et Sud et de montrer la diversité des situations au sein des Sud, voire des Nord en raison de la situation sanitaire précaire de la Russie.

http://gamapserver.who.int/mapLibrary/default.aspx

On peut aussi choisir de proposer aux élèves des cartes de pathologies qui sont à l’inverse l’apanage des pays du Nord comme les maladies liées au vieillissement ou à la surconsommation alimentaire.
On peut ensuite tenter d’évaluer la qualité des systèmes de santé nationaux à l’aide de quelques indicateurs comme le nombre de médecins pour 100 000 habitants ou les dépenses publiques pour la santé pour chaque pays. La diversité des situations alors observées peut être mise en relation avec la diversité de la richesse et du développement à l’échelle mondiale étudiée dans le chapitre précédent. Mais elle dépend aussi des politiques sanitaires et sociales plus ou moins volontaristes mises en place par les états, ce que l’on a déjà perçu avec l’exemple brésilien.

Enfin le rôle de la coopération internationale est évoqué comme facteur supplémentaire de détermination de l’offre sanitaire dans un certain nombre de pays du Sud, à travers par exemple le cas de l’action d’une ONG comme Médecins sans frontières ou d’une organisation internationale comme l’OMS (ex. : programme de prise en charge intégrée des maladies de l’enfant).

Principales notions à aborder dans le traitement de la question obligatoire :

Civilisation, culture, interdépendance, acculturation, mondialisation culturelle, FMN, flux humains, altermondialisme, régionalisme, religion, langue, aires de civilisation.

Proposition de plan pour le traitement de la question obligatoire :

Problématique : Y a-t-il aujourd’hui une uniformisation culturelle à l’échelle mondiale ?

I) Une mondialisation de la culture

- on peut d’abord évoquer les formes de la mondialisation culturelle qui passe essentiellement par une uniformisation de la consommation, la diffusion mondiale de certains produits culturels, l’émergence d’habitudes de vie à l’échelle mondiale (ex. : le football comme pratique sportive universelle).
- les principaux facteurs de cette uniformisation culturelle sont d’une part l’existence de FMN pouvant diffuser certains produits et donc certains goûts à l’échelle mondiale et de grands groupes de média assez puissants pour émettre des informations dans le monde entier, et d’autre part la mobilité accrue des hommes à la surface de la planète sous la forme de flux touristiques ou de flux migratoires qui créent des phénomène d’acculturation.

II) Des résistances à ce phénomène d’uniformisation : un monde toujours divers culturellement

- il existe tout d’abord des formes actives de résistance à la mondialisation culturelle :l’altermondialisme qui souhaite modifier l’organisation actuelle du monde et le régionalisme qui promeut des spécificités culturelles localisées.
- la mondialisation de la culture trouve aussi ses limites dans la persistance d’aires de civilisation distinctes. Ces aires de civilisation, bien que mouvantes et difficiles à délimiter, regroupent des population possédant des traits culturels communs, notamment l’appartenance à une religion ou à un groupe de langue. Ces différences civilisationnelles ne s’effacent pas avec la mondialisation et dans certains cas elles s’affichent même avec plus de vigueur en réaction à l’uniformisation culturelle mondiale.

Liens possibles avec :

- le programme d’histoire à travers les sujets d’étude sur la France depuis 1945 : on peut montrer notamment comment les jeunes sont de plus en plus influencés au cours du temps par des modèles culturels venus de l’extérieur
- l’économie-droit dont le programme de terminale réserve une place importante à la mondialisation, y compris sous l’angle des inégalités de développement (BOEN hors-série n°2 du 24 février 2005)

Auteur de l’article

E. Grimaud, 2007

Post Scriptum :

L’utilisation d’un planisphère représentant la diffusion du virus HIV en document- amorce permet, en particulier s’il s’agit d’une anamorphose, de montrer assez clairement que cette épidémie concerne surtout aujourd’hui les pays du Sud, le contre-exemple de la Russie permettant au passage de s’interroger avec les élèves sur le niveau de développement actuel de ce pays dit du Nord.