21ème édition des Rendez-vous de l’histoire (2018)

06 / 01 / 2019 | Cavelier Antoine

Cette année, la 21ème édition des RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS s’est tenue du 10 au 14 octobre 2018. Cet événement avait pour thème « LE POUVOIR DES IMAGES ».

Plan :
I. Présentation des RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS.
II. Compte-rendu non exhaustif de la 21ème édition des RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS.

I. Présentation des RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS.

Le thème « LE POUVOIR DES IMAGES » a été choisi par le conseil scientifique présidé par JEAN-NÖEL JEANNENEY.

La composition du Conseil scientifique de la 21ème édition sont : ANTOINE DE BÆCQUE, PATRICK BOUCHERON, CATHERINE BRICE, THIBAUT BOULAY, GUILLAUME CALAFAT, PASCAL CAUCHY, FLORENCE CHAIX, JOËL CHANDELIER, JOHANN CHAPOUTOT, FRANCK COLLARD, ALAIN CORBIN, CHRISTIAN DELAGE, FRANÇOIS-XAVIER FAUVELLE, JEAN GARRIGUES, OLIVIER GRENOUILLEAU, JEROME GRONDEUX, CHARLOTTE GUICHARD, VALERIE HANNIN, JEAN-NOËL JEANNENEY, CHRISTELLE JOUHANNEAU, EMMANUEL LAURENTIN, SYLVIE LE CLECH, CRISTHINE LECUREUX, FRANÇOIS LISSARRAGUE, BRUNO MODICA, PAP N’DIAYE, JULIEN NEUTRES, NICOLAS OFFENSTADT, PASCAL ORY, MICHELLE PERROT, BENOIST PIERRE, JEAN-PIERRE RIOUX, MAURICE SARTRE, JEAN-CLAUDE SCHMITT, JEAN-FRANÇOIS SIRINELLI, MILEVA STUPAR, ANNE-CECILE TIZON-GERME ET STEPHANIE WYLER.

Pour la 21ème édition, les invités exceptionnels sont :
 Michel PASTOUREAU (professeur à la Sorbonne et à l’École Pratique des Hautes Études) pour la conférence inaugurale « LA COULEUR DANS L’IMAGE : LE LONG SILENCE DES HISTORIENS ».
 Conférence de clôture « LA PUISSANCE DU DESSIN DE PRESSE AU SERVICE DES DROITS DE L’HOMME » par l’association Cartooning For Peace : modérée par JEAN-NOËL JEANNENEY avec Christiane TAUBIRA (femme politique, ex-garde des Sceaux) et les dessinateurs de presse PLANTU, KICHKA et KROLL.
 ALAIN MABANCKOU, président du salon du livre
 PIERRE SHOELLER président du cycle cinéma

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Les Rendez-vous de l’histoire de Blois en quelques chiffres :
 Date de création : 1998.
 Plus de 30 lieux où se déroulent des événements à Blois et ses alentours.
 1.000 intervenants lors des conférences et débats.
 Un grand salon du livre d’histoire avec la présence de 150 éditeurs et de 300 auteurs en dédicace.
 50 films projetés dans le cycle cinéma.
 40.000 visiteurs chaque année environ.

Les prix décernés cette année sont :
 PRIX DU ROMAN HISTORIQUE pour Le bon cœur de MICHEL BERNARD qui met en scène Jeanne d’Arc.
 GRAND PRIX DES RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS pour MASHA CEROVIC, Les enfants de Staline.
 PRIX CHATEAU DE CHEVERNY DE LA BD HISTORIQUE pour La déconfiture de PASCAL RABATE qui illustre la débâcle et l’exode de 1940.
 PRIX AUGUSTIN-THIERRY EN HISTOIRE CONTEMPORAINE pour La contamination du monde de FRANÇOIS JARRIGE et THOMAS LE ROUX (ou l’histoire de la pollution depuis l’époque des Lumières).
 PRIX DU NOIR HISTORIQUE pour FRANÇOIS MURATET pour Tu dormiras quand tu seras mort.

II. Compte-rendu non exhaustif de la 21ème édition des RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS.

Le but est désormais de faire un compte-rendu de mes activités lors de ce moment tant attendu pour les historiens et aussi un public toujours plus nombreux. Bien évidemment, cet article ne peut être exhaustif. Beaucoup d’événements (conférences, ateliers, table-ronde…) se déroulaient en même temps et à des lieux différents.
Il est divisé en trois parties pour rendre compte d’abord des discours inauguraux, puis des conférences et tables-rondes scientifiques et enfin des propositions pédagogiques.

LES RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS se sont ouverts par les discours inauguraux.

FRANCIS CHEVRIER, directeur et créateur du festival a annoncé le thème de cette année « le pouvoir des images » . Puis, il a annoncé la mise en place de la parité dans la commission scientifique du festival. Cette mesure est annoncée peu après la parution, le 3 octobre 2018 dans le journal Le Monde, de la pétition de 440 historiennes intitulée « Mettons fin à la domination masculine en histoire ».

JEAN-MICHEL BLANQUER, ministre de l’Education nationale, commence par rappeler que l’histoire est une « discipline fondamentale de la République et indispensable au progrès ». Il reprend la définition de Marc Bloch : l’histoire est la « science des Hommes dans le temps ». Ensuite, il insiste sur le besoin de « développer chez nos élèves la culture de l’image » pour ne pas les laisser sans repères et les « professeurs [qui] jouent un rôle fondamental dans ce domaine ». Le soir même, juste avant la conférence inaugurale de MICHEL PASTOUREAU, la Ministre de la Recherche FREDERIQE VIDAL a précisé la nécessité d’« Apprendre à voir comme on apprend à lire »

Lors de cette même conférence inaugurale intitulée « LA COULEUR DANS L’IMAGE : LE LONG SILENCE DES HISTORIENS », MICHEL PASTOUREAU (professeur à la Sorbonne et à l’École Pratique des Hautes Études) aborde les couleurs et leurs histoires à travers la peinture, la sculpture et la photographie.
Selon lui, les couleurs ont longtemps été mis de côté dans l’analyse historique. Depuis Platon, elles sont dénigrées et le dessin a toujours pris le pas sur le coloris. Le premier historien de l’art Vasari donne des notes aux peintures mais sans noter les couleurs. De plus, il y a de la méfiance face aux couleurs. Le passage des siècles a beaucoup changé les couleurs : il existe un écart très grand entre les couleurs d’origine, et ce que le public a, aujourd’hui, devant les yeux. Ce fait pose la délicate question des restaurations et de leur objectif final de vérité.
Ensuite, il analyse le rapport entre religion et représentations des couleurs. Par exemple, le protestantisme distingue deux types de couleurs : les couleurs honnêtes (noir, blanc, gris) et les couleurs malhonnêtes les couleurs voyantes). Il s’appuie sur les tableaux de Rembrandt (Les Pèlerins d’Emmaüs, Philosophe en méditation …) pour justifier ses propos.
En outre, MICHEL PASTOUREAU pointe les difficultés pour étudier les couleurs. Il y a souvent une différence entre la couleur réelle, perçue et nommée. Par exemple, le vin blanc « n’a rien de blanc » selon lui. Certaines couleurs sont perçues différemment selon les époques. Le bleu a été classé comme une couleur chaude à l’origine. Le texte accompagnant une image peut parfois orienter son analyse. Il faut donc prendre le recul nécessaire. Enfin, il pose une question : comment étudier les statues romaines ou gothiques qui sont à l’origine peinte ? Question essentielle mais sans réponse complète possible.

La première table-ronde a pour thème « Images de puissance, puissances des images à la fin de l’Antiquité tardive ». Selon FRANÇOIS BARATTE (professeur émérite à la Faculté des Lettres à Paris IV), l’image du pouvoir à la fin de l’Antiquité tardive continue à être influencée par la figure du princeps Auguste (27 avant Jésus-Christ - 14 après Jésus-Christ). La Gemma augustea (sardonyx à deux couches 10 après Jésus-Christ réalisé par Dioscoride d’Aegeae en Cilicie ou l’un de ses disciples) apparaît comme une « ossature politique ». Tous les successeurs reprennent cette volonté augustéenne de représenter la fonction plutôt que l’homme (exemple : la statue des Quatre tétrarques réalisée vers 300 environ ou la tête du Colosse de Constantin, vers 312-315).

GISELLA CANTINO-WATAGHIN (professeure émérite à l’Université du Piémont oriental) rappelle que le mot « image » provient du latin « imago » c’est-à-dire « qui va au-delà de la réalité, qui la dépasse ». Pour elle, la fresque byzantine de Saint Porphyre (353-420), évêque de Gaza signifie la conversion de la ville au christianisme. Les symboles de cette fresque (croix grecque, auréole…) sont compris par le plus grand nombre.
Pour JEAN-PIERRE CAILLET (professeur émérite à l’Université Paris-Nanterre), la mosaïque représentant L’empereur Justinien et sa cour dans l’abside de l’église Saint-Vital à Ravenne (526-547) est fondamentale. Le cortège est dirigé par l’empereur byzantin Justinien (527-565), portant une tunique, des chaussures de pourpre, un diadème symbole de pouvoir. Suivi de l’évêque Maximilien, l’empereur offre une patène d’or au Christ. Sa garde impériale qui l’entoure, dispose des boucliers ornés d’un chrisme. Sa démarche symbolise le rétablissement de la communion et le chrisme rappelle son le premier empereur chrétien Constantin (310-337). Le nom de l’évêque Maximilien est inscrit au-dessus de lui. Le but de l’évêque est de légitimer son pouvoir à la suite de l’empereur.

Lors de la table-ronde « DE LA FOURBERIE A LA SAINTETE : QUELLE IMAGE DES IMAGES MEDIEVALES », FRANÇOIS-OLIVIER TOUATI (professeur d’Histoire du Moyen Âge, doyen de la Faculté des Arts et Sciences humaines de l’Université de Tours), définit le mot « image » en guise d’introduction : « l’image répond à des codes et elle est une projection de l’esprit ». Pour l’analyser, « il faut se laver les yeux », notamment pour le Moyen Âge qui subit des clichés dont il faut se défaire.
CLOTHILDE NOË (professeur à Nice, doctorante à l’Université de Tours) présente alors ses travaux de recherches sur les « fourberies et violences dans le Roman de Renart ». Cette œuvre littéraire est un ensemble médiéval de récits animaliers écrits en ancien français et en vers. Ces récits disparates sont rédigés par trois auteurs connus et d’autres inconnus entre 1175 et 1260. Pour les illustrations, il y a 3 familles de manuscrits : certains ne comportent qu’une seule enluminure, d’autres une dizaine d’enluminures et un manuscrit possède 513 enluminures. Ces sources, forment l’image du renard en parallèle des bestiaires. Le renard est représenté en mort pour duper le corbeau. Cette image est reprise par la suite par Jean de la Fontaine. Le renard est la figure du fourbe voleur et tueur de poule. Il représente aussi le mâle par excellence en multipliant les conquêtes et en tuant le mari légitime Ysengrin. Pour CLOTHILDE NOË, ce roman est une critique des dérives de la féodalité : les vassaux ne respectent pas leur rôle et les prêtres ne respectent pas leur vœu de chasteté.

Lors de la table-ronde « Penser le pouvoir en image dans l’Occident médiéval », LYDWINE SCORDIA (maîtresse de conférences à l’université de Rouen) a présenté ses travaux de recherche sur la sépulture de roi Louis XI (1461-1483) à la basilique de Notre-Dame de Cléry. Ce roi s’éloigne de la tradition de ses prédécesseurs à la basilique de Saint-Denis. En effet, les rois de France s’y sont tous fait construire des tombes et des statues funéraires (des gisant et/ou des orant), excepté donc Louis XI. Cependant, la sépulture originale a été remplacée par celle pensée et construite sous Louis XIII en 1622. Seulement, cette dernière comporte les codes vestimentaires du début du XVIIème siècle et une cape royale. Du projet initial réalisé sous Louis XI, il ne reste que le devis final ainsi que son dessin. Ce dernier illustre un roi en position de prière à genoux, le visage rajeuni en tenue de chasseur et orné de symboles royaux telle la fleur de lys.

Lors de la conférence « Le portrait du roi avec Louis Marin », PATRICK BOUCHERON (professeur au Collège de France) présente l’innovation dans la réflexion apportée par Louis Marin dans son ouvrage Le portrait du roi (1981) en rappelant ces extraits les plus fameux « l’Etat c’est moi », « Le portrait de César c’est César » et « les médailles représentent les hosties royales ». Le règne de Louis XIV en est le symbole majeur. Puis, BOUCHERON reprend l’analyse de LOUIS MARIN sur la fuite de Varenne par Louis XVI comme « régicide de lui-même ». Louis XVI redevient aveugle de sa propre image alors que celui qui a reconnu Louis XVI a témoigné avoir été « frappé par la ressemblance du roi avec l’effigie ». PATRICK BOUCHERON termine sa conférence sur ses conseils méthodologiques pour le traitement des images : celles-ci « sont fortes quand on ne les lit pas, quand on ne sait pas les décrypter », « il faut [donc] feinter les images, y retourner mais ne pas les contempler ».

Face à l’explosion actuelle des publications et des ventes de bandes dessinées historiques, plusieurs rencontres ont été organisées aux Rendez-vous de l’histoire de Blois sur le sujet. Dans le café historique « LA REPRÉSENTATION DE LA GRANDE GUERRE DANS LA BD », Loïc CHEVALLIER, Étienne LE ROUX (respectivement illustrateur et dessinateur de la série en 10 tomes 14-18) et Luc RÉVILLON (scénariste de BD) étaient présents. Ce dernier a expliqué l’évolution de la représentation de la Première Guerre mondiale en BD : de la représentation de Tardi très politique et dénonciatrice à la série 14-18 illustrant l’état d’esprit complexe des soldats sur 4 ans et demi et leur vieillissement physique et mental de manière accélérée. La série 14-18 de Éric Corbeyran, Loïc Chevallier et Etienne Le Roux a d’ailleurs fait l’objet d’une exposition aux Rendez-vous de l’histoire de Blois.

Lors de la table-ronde « ANTIQUITÉ ET MOYEN ÂGE DANS LA BANDE DESSINÉE, Sylvie Joye (professeure d’Histoire médiévale à l’Université de Lorraine) a précisé travailler actuellement avec le dessinateur argentin Jorge Gonzalez à la réalisation d’un album de bande dessinée sur les Carolingiens. Cet ouvrage sera le prochain tome de la collection Histoire dessinée de la France, publiée par la Revue Dessinée et les Editions de la Découverte. Dans ce contexte, elle peut expliquer le partenariat entre les deux éditeurs pour publier cette. Sylvain Venayre (professeur d’Histoire contemporaine à l’université Grenoble-Alpes, directeur de la collection et auteur du premier tome) choisit les historiens/auteurs. La Revue Dessinée choisit elle les dessinateurs/illustrateurs. Les historiens constituent un dossier documentaire (costumes, objets, …) pour les illustrateurs. Par conséquent, les nombreux échanges de qualité apportent toutes les précisions historiques nécessaires et enrichissent le dessin de la bande dessinée. Cependant, elle précise que ce travail, comme toute BD historique, est nécessairement une fiction car il est le fruit de regards croisés entre l’écrivain et l’historien.

Julie GALLEGO (maître de conférences en langue et linguistique latines à l’Université de Pau et des Pays de l’Adour) a abordé le processus de traduction de la BD Murena en latin pour les lecteurs assidus de la BD. Elle explique cela comme une sorte de retour aux sources car l’auteur de la BD Jean Dufaux utilise de nombreux auteurs latins (Tacite, Plaute…) comme source et inspiration
Deux idées des intervenants sont intéressantes à noter. Dans la bande dessinée, les représentations évoluent. Par exemple, la série pionnière Alix illustre une ville de Rome propre alors que la récente série Murena montre la même ville plus sombre et sale. Désormais, les éditeurs acceptent de plus en plus de constituer un dossier documentaire (documents et explications historiques) à la fin de la BD pour les lecteurs. L’objectif est de transmettre aux lecteurs de BD des connaissances et des réflexions issues des travaux universitaires des historiens.

La dernière table-ronde retranscrite s’intitule « DU ROI-SOLEIL AU PRÉSIDENT JUPITÉRIEN. IMAGES DU POUVOIR, POUVOIR DES IMAGES EN FRANCE ET AUX ÉTATS-UNIS ».
YANN LIGNEREUX (professeur à l’Université de Nantes) rappelle l’importance du sacre pendant la monarchie pour diffuser l’image du gouvernement de Dieu du Terre. Le but est d’habituer tous les ordres à l’obéissance. Sous Louis XIV, le « ministère de la gloire » (analysé par GERARD SABATIER, JOËL CORNETTE) illustre l’idée de la performance de l’image comme mode de communication spectaculaire notamment à travers le portrait du roi. Cette communication par le portrait est utile car le peuple ne voit que très peu le roi. Toujours sous Louis XIV, il y a une évolution des « 2 corps du roi » (ERNST KANTOROWICZ) au « un seul corps louis-quatorzien »

CHRISTIAN DELPORTE (professeur à l’Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines) compare le sacre royal avec l’intronisation du président de la Vème République. De Gaulle s’approprie très vite les médias pour transmettre son message au peuple (presse et surtout la télévision, le plus puissant et le plus réactif des médias). Il analyse l’évolution des bains de foule des présidents de la Vème République. Au départ, il n’y a pas forcément de caméras sous de Gaulle. Aujourd’hui, les bains de foule sont pensés pour être filmés (certains membres de foules sont écartés et d’autres choisis).

ISABELLE VEYRAT-MASSON (directrice de recherche au CNRS) explique l’importance des références du passé en France dans les discours politiques contemporains (culte de l’image depuis Auguste ou Napoléon pour affirmer le pouvoir de commandement, reprise des figures mythologiques et divines telles que Jupiter…).
THOMAS SNÉGAROFF (journaliste, historien) donne des éléments de comparaison avec les Etats-Unis. La passation de pouvoir est plus longue car elle s’étale sur deux mois (élection en novembre et serment en janvier). Reagan est le premier président à prêter serment en public en 1981. En France, la passation de pouvoir est courte. Seule la commémoration officielle du 8 mai 1945 permet au nouveau président d’inviter l’ancien chef de l’Etat pour symboliser cette passation. Il souligne la spécificité américaine de l’instrument de musique comme moyen de caractériser un président aux Etats-Unis (le piano de Nixon, le saxophone de Clinton, le micro d’Obama). En France, seul le président Valéry Giscard d’Estaing (1974-1981) a tenté de jouer de l’accordéon. Cette pratique a été analysée surtout comme un coup médiatique. Son grand rival politique et successeur Mitterrand (1981-1995) a lui été identifié à un lettré fin connaisseur de la littérature.

Désormais, je vais présenter certaines propositions pédagogiques des RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS

La conférence « LA RÉPRESENTATION FIGURÉE EN ISLAM (VIIE -XVE SIÈCLE) » a permis à ÉLODIE ROBLAIN (professeure d’histoire-géographie détachée au service des actions éducatives de l’IMA) de faire un rapide point sur le sujet.
Selon elle, il n’y a pas d’interdiction des images en Islam. Cette idée d’interdiction remonte à Renan et aux orientalistes du XIXème siècle. Même si peu d’occurrences sont relevées dans le Coran, les images, dans les Hadith (tradition prophétique) ne posent pas de problème sauf dans les cas d’idolâtrie. Cependant, d’autres choix visuels plus figuratifs et écrits pour affirmer le pouvoir ont été effectués. En classe de 5ème, le message à faire passer aux élèves est le suivant. Le choix d’un langage visuel positif est fait pour affirmer une dynastie. L’exemple est l’évolution de la monnaie sous le calife omeyyade Abd Al-Malik (685-705). D’abord, les pièces sont ornées de son portrait. Après la réforme pour islamiser l’administration, les monnaies ne portent plus son effigie mais uniquement une écriture en arabe. L’écriture symbolise son pouvoir politique et l’arabe comme langue officielle du Califat.

Enfin, ÉLODIE ROBLAIN fait référence à une question d’une élève à l’Institut du Monde Arabe sur la représentation du prophète Mahomet. Elle lui a répondu qu’il est représenté souvent avec des vêtements et très rarement avec un visage (par exemple : la Miniature du Siyar-I Nabi, Istanbul, vers 1595 représentant Mahomet à la Ka’ba où le visage a été effacé postérieurement à la réalisation).

L’atelier « LA PUISSANCE DES IMAGES GÉNOCIDAIRES DU XXEME SIÈCLE : L’EXEMPLE DU GÉNOCIDE RWANDAIS EN CLASSE DE 3E » a été animé par JEAN-FRANÇOIS LOISTRON (professeur d’histoire-géographie, académie de Nantes). Il a rappelé les caractéristiques du génocide rwandais (avril - juillet 1994) : construction de la figure de l’ennemi entre Hutus et Tutsis depuis la colonisation et accentuée avec l’indépendance, planification du massacre à toutes les échelles, implication massive de civils, de 800.000 à 1 million de Tutsis tués (75% à 80% de la population), des lieux de massacres aussi espaces du quotidien (40% sont morts dans les églises). LOISTRON explique que la place des médias est primordiale. Il est premier génocide à être retranscris et retransmis quotidiennement dans la presse écrite et les journaux télévisés. Cependant, les journalistes n’ont pas accès à toutes les zones. De plus, il s’exerce une forte concurrence médiatique entre les contenus présentés dans les journaux. La guerre en Bosnie et les élections en Afrique du Sud se déroulent en même temps. Pour faire étudier les photos du génocide rwandais en classe, il faut s’appuyer sur le protocole méthodologique de l’historien mais sans nier les émotions nécessairement présentes des élèves.

Le second atelier a pour thème « ENSEIGNER L’ÉGALITÉ EN DÉCONSTRUISANT LES STÉRÉOTYPES DE GENRE DANS LES IMAGES DES MANUELS D’HISTOIRE (DU COLLÈGE À LA TERMINALE » et animée par Cécile BÉGHIN (professeure d’histoire-géographie en lycée, docteure en histoire médiévale à l’EHESS, académie de Paris) et Véronique GARRIGUES (professeure d’histoire-géographie en collège, docteure en histoire moderne, académie de Paris). Ces deux intervenantes ont proposé plusieurs exemples afin de donner une plus large place aux femmes dans l’enseignement de l’histoire au collège et au lycée. J’ai sélectionné certaines de leurs propositions.
En 6ème, le nouveau chapitre 1 en histoire, depuis le changement des programmes, s’intitule Les débuts de l’humanité. Ce chapitre permet au professeur de s’appuyer sur des documents pour montrer que les activités ne sont pas sexuées. Les intervenantes rappellent le nécessaire besoin de ne plus utiliser l’expression « les premiers Hommes » qui mettent les élèves en erreur sur les acteurs étudiés.

En classe de 5ème, certaines femmes de pouvoir peuvent être étudiées dans le cadre du chapitre L’affirmation de l’État monarchique dans le Royaume des Capétiens et des Valois. Le gisant polychrome réalisé vers 1204 d’Aliénor d’Aquitaine est une œuvre intéressante selon les intervenantes. De mon point de vue, les rôles de Blanche de Castille (régente pendant la minorité et le départ aux croisades de Louis IX) ou de Catherine de Médicis (qui gouverne la France en tant que reine-mère et régente de 1560 à 1563) sont tout aussi pertinents.
En 4ème, elle propose la figure d’Emilie du Châtelet (1706-1749), mathématicienne, femme de lettres et physicienne française, pour aborder L’Europe des Lumières : circulation des idées, despotisme éclairé et contestation de l’absolutisme.

En 3ème, le Monument aux morts de Lodève (Hérault) est un bon exemple pour illustrer le bilan humain de la Première Guerre mondiale dans le chapitre Civils et militaires dans la Première Guerre mondiale. Cette piéta laïque a été réalisé entre 1919 et 1930 par Paul Dardé et Emilie Rolez. Elle est constituée d’un groupe de quatre femmes (représentant les 4 saisons) devant le gisant d’un Poilu avec une femme effondrée sur sa dépouille. Deux enfants, symbolisant l’innocence, sont aussi représentés. Cette œuvre souligne le rôle traditionnel de la femme pleurant le soldat mais aussi le rôle novateur de la femme en tant que sculptrice.

Enfin, la table-ronde « RÉPRESSIONS ET DÉPORTATIONS EN FRANCE ET EN EUROPE, 1939-1945. ESPACES ET HISTOIRE » a présenté le sujet du Concours national de la Résistance et de la Déportation 2019.
Trois exigences primordiales ont été rappelées par Tristan Lecoq (inspecteur général de l’Education Nationale chargé de la mémoire) : la nécessité d’adosser le sujet au programme, d’intégrer des éléments stabilisés de la recherche dans les contenus et d’étudier des vue larges et comparatives.
Selon THOMAS FONTAINE (historien, directeur du Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne), les mots-clés pour comprendre le sujet sont : finalités et modalités pour distinguer répression et déportation, les contextes d’occupation face à la situation militaire de l’Axe. Les questions à se poser sont les suivantes : quelles sont sources documentaires à utiliser ? Quels acteurs sont à étudier ? Quels sont les programmes de répressions et d’extermination à analyser ?
Dominique Trimbur (chargé de mission à la Fondation pour la Mémoire de la Shoah) annonce la parution de la brochure présentant plus en détail le sujet du Concours national de la Résistance et de la Déportation 2019 : « RÉPRESSIONS ET DÉPORTATIONS EN FRANCE ET EN EUROPE, 1939-1945. ESPACES ET HISTOIRE ».

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Ainsi, ce fut un plaisir d’assister aux RENDEZ-VOUS DE L’HISTOIRE DE BLOIS. La 22ème édition aura pour thème « L’ITALIE » et se déroulera du 9 au 13 octobre 2019. A vos agendas !