Faut-il désensabler la baie du Mont-Saint-Michel ?

11 / 02 / 2011 | GOURGUECHON Christophe
Les enjeux d’un aménagement littoral face aux intérêts économiques et environnementaux : le cas de la baie du Mont-Saint-Michel.

Problématique générale : Faut-il désensabler le Mont-Saint-Michel ?

Objectifs

Connaître les enjeux liés à un projet d’aménagement, définir les rôles des divers acteurs impliqués dans ce type de projet, prendre la mesure des conflits d’intérêt qui sous-tendent un projet d’aménagement.

Notions abordées

Aménagement du territoire, nouveaux acteurs de l’aménagement, rôle des acteurs, espace naturel/espace anthropisé, conflit d’usage.

Capacités

Localiser et situer des espaces à des échelles différentes, relever et comparer des informations dans des documents de natures diverses, expliquer. Rédiger une réponse organisée et argumentée en réponse à une problématique.

Intégration dans les programmes

La séance trouve sa place dans les programmes de première générale (L, ES, S) ou technologique (ST2S).

Première L, ES, S (nouveaux programmes)
Thème 2 - Aménager et développer le territoire français
1. Valoriser et ménager les milieux - La gestion d’un milieu (étude de cas)

Première ST2S
II/ Les nouveaux territoires de l’aménagement en France
Sujet d’étude : Un syndicat mixte pour l’aménagement de la baie du Mont-Saint-Michel (en lieu et place du sujet d’étude sur la baie de Somme proposée dans les programmes)

Modalité d’organisation et déroulement de la séquence (démarche)

Fiche de travail élève version openoffice
Fiche de travail élève version word

En salle multimedia (1 heure)

Les élèves complètent le tableau de synthèse à partir des consignes. Cette première étape est achevée à la maison pour le cours suivant.

En salle de classe (1 heure)

L’ensemble est repris au vidéo-projecteur ou sur tableau numérique à partir de deux travaux d’élèves en distinguant les bonnes réponses des mauvaises.

Travail maison

Les élèves rédigent la synthèse (à rendre une semaine plus tard).

L’état de la question

Un site exceptionnel

Le Mont-Saint-Michel est inscrit au patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1979. Il accueille plus de 3 millions de touristes par an ce qui en fait un des hauts lieux du tourisme national et mondial. Le Mont est un îlot granitique encerclé par des marais salés (appelés herbus ou prés salés) sur lequel paissent des moutons.
La baie du Mont-Saint-Michel est traditionnellement divisée en grande baie (à l’ouest du Mont) et petite baie (à l’est du Mont), plus resserrée. La baie est drainée par deux fleuves : la Sée, au nord-est, qui passe près d’Avranches, la Sélune, au sud-est, aux cours divagants. Le fleuve Couesnon, d’orientation sud-nord, se jette dans la baie juste au sud du Mont, qu’il enserre de ses chenaux.

Une longue histoire de la baie : La part de la nature dans le processus d’ensablement...

La baie du Mont-Saint-Michel n’a pas toujours présenté sa configuration actuelle. Il y a environ 30 000 ans, l’ensemble de la zone était émergé, et le Mont était situé loin à l’intérieur des terres. Il y a 7 500 ans, lors de la fin de la dernière glaciation, la mer a envahi cet espace. La ligne de côte se trouvait alors sensiblement plus au sud, transformant le Mont Dol en zone insulaire. Les fluctuations du niveau marin ont amené le dépôt de fines particules de vase, qu’on appelle la tangue. Ces dépôts sédimentaires atteignent à l’époque actuelle jusqu’à 15 mètres d’épaisseur. Pour les 400 km² que représente la baie du Mont-Saint-Michel, les sédiments forment une masse d’environ 10 milliards de m3, avec un apport annuel de 1,5 millions de m3 ! Or, la tangue constitue un excellent matériau à usage agricole ; il est même utilisé pour amender les sols originaux.

Des aménagements anciens : La part des hommes dans le processus d’ensablement...

XIe siècle : La « digue de la duchesse Anne » est construite par les Ducs de Bretagne pour consolider le cordon littoral et protéger les marais de Dol.
1856-1858 : Début de la conquête de nouvelles terres par poldérisation et canalisation du Couesnon pour protéger les concessions de la divagation des rivières.
1859-1860 : La digue de la Roche Torin est construite, à l’est du Mont, pour s’opposer à la divagation vers le sud de la Sée et de la Sélune.
Fin du XIXe siècle : Les cours du Guintre et du Landais sont déviés provoquant parfois l’inversion des cours d’une partie du réseau.
1858-1934 : Par endiguements successifs, 2800 ha de polders sont gagnés sur la mer à l’ouest du Mont. L’État rachète une partie de la concession pour empêcher la digue de l’ouest d’atteindre le Mont. (Voir animation flash sur le serveur éducatif de l’IGN et de l’Éducation Nationale sur l’information géographique : L’aménagement du milieu par les hommes et ses conséquences environnementales : l’exemple du Mont-Saint-Michel.)
1878-1879 : Construction de la digue-route vers le Mont.
1932 : Une partie des eaux du Couesnon est captée pour l’alimentation en eau potable de la ville de Rennes, ce qui a pour effet de diminuer le volume d’eau de chasse, de ralentir la vitesse d’écoulement.
1966-1969 : Construction du dernier barrage d’estuaire français, à la Caserne, sur le Couesnon.

L’intervention humaine contre le comblement

L’objectif visé :

L’objectif principal est de rétablir, puis de maintenir un environnement "naturel" autour du Mont. Et ce dans un espace suffisant, car les mesures envisagées ne peuvent être efficaces - au minimum - qu’à l’échelle de la petite baie toute entière.
Pour cela, la progression des schorres, aussi bien à l’est qu’à l’ouest du Couesnon, doit être enrayée afin de rendre à la marée l’espace entourant le Mont. Le site lui-même fera ensuite l’objet d’une requalification par éloignement des parcs de stationnement et le dégagement des remparts, qui servent aujourd’hui de point d’appui à la digue-route et à ses parkings.
Au long des années, les mesures suivantes ont été proposées :
Arasement de la digue submersible de la Roche Torin.
Remplacement d’une partie de la digue route, la plus proche du Mont, par un pont d’environ 1000 m.
Construction de deux barrages " chasse d’eau " (réservoirs à marée) à l’est, pour compenser les détournements de la Guintre et du Landais, voire rétablissement des cours d’eau dans leur configuration d’origine.
Aménagement du barrage de la Caserne sur le Couesnon afin d’y recréer un effet de chasse lié aux oscillations de la marée.

Le projet retenu :

Suppression des parkings actuels et d’une grande partie de la digue-route qui faisaient obstacle à la libre circulation des courants.
Volet hydraulique qui prévoit la construction d’un nouveau barrage permettant de générer des chasses suffisantes pour déblayer les abords du Mont des sédiments qui s’y accumulent.
Ces chasses seront réparties dans deux chenaux séparés par un seuil de partage, dans lesquels le Couesnon pourra largement divaguer.
Le projet tient compte des enjeux économiques (tourisme, agriculture) et culturels (abbaye) et associe les divers acteurs concernés.
Le projet prend aussi en compte les aspects environnementaux en vue de maintenir ou de rétablir les conditions de sauvegarde d’une faune spécifique vivant dans la baie et aux abords de la baie.

Les acteurs

Le maître d’ouvrage est le Syndicat Mixte Baie du Mont-Saint-Michel, une collectivité territoriale regroupant des membres désignés de plusieurs collectivités (Conseil Régional de Basse-Normandie, Conseil Régional de Bretagne, Département de la Manche et les communes de Pontorson, Beauvoir et Le Mont-Saint-Michel) au sein du Comité Syndical.
Cette instance valide et vote les orientations de l’opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel.
Des partenaires : L’Union Européenne (FEDER), l’État (ministères de l’écologie, de l’énergie, du développement durable, de la culture...), les Régions Basse Normandie et Bretagne (conseils régionaux), Les Départements de la Manche et d’Ille-et-Vilaine (conseils généraux), le Agences de l’eau Seine-Normandie et Loire-Bretagne.

Les ressources documentaires

Le serveur éducatif de l’IGN et de l’Éducation Nationale sur l’information géographique : L’aménagement du milieu par les hommes et ses conséquences environnementales : l’exemple du Mont-Saint-Michel.
http://seig.ensg.ign.fr/fichchem.php?NOFICHE=CC4&NOCONT=CONT4&NOCHEM=CARTCOM002&NOLISTE=3&RPHP=&RCO=&RCH=&RF=&RPF=

Un rapport du conseil général des ponts et chaussées de janvier 2009.
Rapport du Conseil général des ponts et chaussées sur l’état d’avancement de l’opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel

Opération grand site (O.G.S.) de la baie du Mont-Saint-Michel
http://www.cndp.fr/crdp-rennes/crdp/crdp_dossiers/dossiers/mont_stmichel/

Site officiel de l’opération de rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel
http://www.projetmontsaintmichel.fr/index.php

Auteur de l’article

Christophe GOURGUECHON, Lycée Jean Vilar de Meaux (77)