Enseigner "la métropole de Pékin"

18 / 11 / 2019 | L’hospitalier Franck | POMIER Benjamin

Benjamin Pomier organise chaque année un voyage d’étude en géographie avec une classe préparatoire du lycée de Jean Vilar de Meaux. En 2017, Leur destination était Pékin. Il vous propose des pistes pédagogiques à partir du site réalisé à leur retour.

« On fait une bonne géographie avec des manuels, on en fait une très bonne avec des cartes, on en fait une meilleure sur le terrain » (Paul Vidal de La Blache).

En Classes Préparatoires Littéraires, l’enseignement de la géographie a pour objectif de permettre aux étudiants d’acquérir les bases d’une culture géographique solide et, pour les optionnaires, de se préparer aussi à la poursuite d’études universitaires en histoire et géographie. En première année, l’acquisition de cette culture géographique suppose que l’intérêt des étudiants et leur curiosité pour la géographie soient stimulées. La géographie doit être enseignée comme une discipline vivante permettant de décrypter les enjeux du monde actuel et l’organisation spatiale produite par les sociétés (B.O. n°22 du 7 juin 2007). En Khâgne - Lettres Sciences Humaines 2e année -, les étudiants préparent un concours sur une question déterminée par l’Ecole Normale Supérieure et qui tourne tous les ans. Le pari a été fait au Lycée Jean Vilar de compléter leur formation géographique par un voyage de terrain dont le thème général s’accorde au programme de l’E.N.S..
Composante essentielle des études et de la passion géographique, le voyage sur le terrain apprend à regarder l’Autre et l’Ailleurs. En amont, il stimule la curiosité, l’autonomie, la prise de responsabilité lors de la définition des objectifs et la recherche de financements. Sur place, le voyage sollicite tous les sens : il apprend à regarder, à écouter, à sentir, à toucher. Avec le terrain, la géographie devient une expérience sensible et sensorielle de l’espace. S’il ne se substitue pas aux apprentissages classiques en salle de cours, le voyage de terrain vient cependant compléter un savoir théorique par une expérience pratique, et fondamentalement humaine et sociale.

En Khâgne, les contraintes de temps dues au calendrier serré des concours imposent bien entendu une organisation solide et que le voyage de terrain soit pleinement justifié comme faisant partie intégrante de la formation des étudiants. La préparation du voyage est entièrement confiée aux étudiants. Ils sont invités dès le début à prendre en charge la conduite de leur projet en définissant leurs objectifs, en choisissant le lieu d’observation, les acteurs à rencontrer, à monter un programme et bien sûr un budget. C’est la raison pour laquelle les optionnaires de géographie sont sensibilisés dès leur année d’hypokhâgne à la conduite de projet de terrain sur un espace proche, ainsi qu’aux méthodes de l’enquête qualitative en géographie (par exemple une enquête portant sur « l’Habiter périurbain » dans le nord Seine-et-Marne). Ils sont en même temps initiés au travail de recherche préparant une poursuite d’étude universitaire. Dès le programme de géographie de l’ENS connu (en mai), les futurs khâgneux sont invités à questionner le thème du programme, à lire quelques articles et à faire une revue de presse pour entrer dans le nouveau sujet. Ils doivent aussi arbitrer entre eux un choix de destination en fonction des contraintes budgétaires, de leur programme et de la pertinence scientifique : ainsi pour l’année d’étude consacrée à la Chine, le thème des métropoles s’est rapidement imposé, mais il a fallu quelques heures de débat pour choisir entre Pékin, Shanghai et Chongqing. A l’inverse, le thème intitulé « Population et inégalités » (programme 2017-2018) a fait tout de suite l’objet d’un consensus autour des inégalités de genre et le choix s’est porté sur la place des femmes dans l’espace public des villes indiennes. Par conséquent, les étudiants ont déjà une idée assez claire de leurs objectifs et de leurs axes de recherches avant de partir en vacances en Juin. Pendant encore neuf mois, les étudiants approfondissent la question de leur sujet d’étude parallèlement à la préparation au concours de l’E.N.S. mais le thème qu’ils ont retenu devient pour le professeur un fil rouge dans sa progression pédagogique et dans l’approfondissement des notions et des méthodes.

Les étudiants de Khâgne ont ramené quelques photographies de leurs voyages au Chili, en Chine et en Inde, exposées sur des lieux publics et complétés par des conférences auprès de publics variés. Beaucoup d’entre-elles ont été rassemblées sur le site Terra Prepa (www.terra-prepa.fr) et peuvent servir de pistes pédagogiques aux enseignants. Regards et mots d’élèves pour d’autres d’élèves, ces photographies et ces textes invitent à partager des expériences sensibles de terrain en complément du cours.

Benjamin Pomier, professeur de géographie (Lycée Jean Vilar, Meaux)


Pistes pédagogiques :

Possibilité pour l’enseignant de faire un questionnaire élève à partir des photos et du site.
Possibilité pour les élèves de choisir une photo qui les intéresse et de la faire parler

Niveau concerné : Terminale
Discipline concernée : Géographie

Problématique et notions abordées :
Problématique générale : comment la mondialisation recompose l’espace urbain ?
Ville et mondialisation, Le cas de Pékin (Chine)

Notions : urbanisme, métropolisation, mondialisation, gentryfication, patrimonialisation, étalement urbain, mobilités, ségrégation, standardisation urbaine

Modalités d’organisation
Site : https://www.terra-prepa.fr
Exposition photo + textes et graphiques. Voyage d’étude en géographie d’une classe à Pékin

 

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