Enseigner "habiter les espaces périurbains"

08 / 02 / 2021 | GOURGUECHON Christophe | POMIER Benjamin | L’hospitalier Franck

Un travail d’enquête pour comprendre comment les habitants des espaces périurbains vivent dans la région parisienne. Effectué en CPGE Lettre 1ère année, la démarche est transposable au lycée comme au collège. On retiendra les types de mode d’habiter (Partie 3).
L’intérêt de ce travail est d’initier les étudiants à la recherche, à l’enquête qualitative et à l’observation de plusieurs types de documents. En outre, ce type de travail stimule la curiosité des étudiants qui travaillent sur leur espace proche.

Sommaire :
Présentations de la séquence : niveau, objectifs, notions, évaluation
Démarche :
Partie 1 : introduction (2h)
Partie 2 : La diversité des espaces périurbains (2h)
Partie 3 : La diversité des modes d’habiter périurbain (6h)

Annexes  : grilles d’entretiens, exemples d’entretiens retranscrits, panel de l’enquête réalisé par les étudiants (17 étudiants), exemples de schémas réalisés à partir des entretiens.

Annexes 1 2 3

Présentation de la séance :
Les élèves sont invités à réfléchir sur les modes d’habiter l’espace périurbain à partir de leur espace proche. Les communes de résidence des étudiants sont situées sur une carte de l’aire urbaine parisienne pour déterminer si elles sont classées comme périurbaines par l’INSEE. Puis, un choix sur quatre ou cinq communes « test » s’opère. Le groupe classe est divisé par groupe d’étude communale (4 groupes si 4 communes ont été retenues). Les étudiants, qui travaillent en autonomie, doivent d’abord rédiger un diagnostic de l’espace étudié à partir de cartes et de statistiques. Dans un deuxième temps, ils préparent une enquête qualitative. Dans un troisième temps, ils vont sur le terrain faire leur enquête, et dans un quatrième temps, ils synthétisent leurs données et déterminent des types d’habiter périurbain sous forme de schémas. La présentation orale de chaque groupe se conclut par une synthèse générale qui permet de regrouper des types d’habiter sur les cinq communes d’enquête.

Objectifs méthodologiques
Savoir réaliser une enquête quantitative : formuler des hypothèses, observations de terrain, conduire un entretien, faire des synthèses de données
Savoir travailler en groupe
Savoir utiliser Géoportail et lire des cartes topographiques
Savoir comparer des données statistiques
Savoir construire des typologies
Savoir représenter graphiquement des résultats d’enquête

Notions :
Habiter, Espace périurbain

Évaluation formative :
Retranscription des entretiens et grilles d’entretien
Présentation des enquêtes
Réalisation des schémas de synthèse

Niveau et transposition au lycée et au collège : CPGE Lettres 1e année
Lycée, classe de Première ES-L et S Thème 2 - Aménager et développer le territoire français (24-26h) La France en villes
Collège, classe de Troisième, Thème 1 - Dynamiques territoriales
de la France contemporaine. Les aires urbaines, une nouvelle géographie d’une France mondialisée.

Il est possible d’adapter la démarche et/ou certains éléments de cette proposition pédagogique aux niveaux Première (Lycée) ou Troisième (Collège), mais plusieurs contraintes sont à prendre en compte.
 Le temps imparti est plus court dans les deux cas : En classe de Troisième comme en classe de Première, on dispose de 6 à 7 heures.
 Le contexte dans lequel l’établissement se trouve peut ne pas permettre les enquêtes de terrain dans l’espace périurbain.
 Les enquêtes de terrain doivent être réalisées en autonomie, en dehors des heures de cours. L’enseignant doit tenir compte de la capacité de ses élèves à mener ce type de travail en autonomie.

Des adaptations sont possibles :
 On doit évidemment adapter au niveau des élèves les documents à étudier dans la partie préparatoire.
 Si les enquêtes sur le terrain ne sont pas réalisables par les élèves, on peut imaginer fournir des extraits de transcription d’enquête faites par les élèves de CPGE, dès lors que l’on traite ces extraits comme des documents classiques (mention de la source, des auteurs). On fera au minimum un copier-coller de l’adresse de l’article présent sur HGC Créteil à associer aux extraits.
 Les schémas-types tirés de l’ouvrage de Rodolphe Dordier pourront être utilisés, mais pour les élèves du secondaire, il sera nécessaire pour l’enseignant d’encadrer leur étude et d’expliquer la démarche de l’auteur (les élèves de CPGE avaient ici besoin de moins d’encadrement par l’enseignant, évidemment)
 Le travail de groupe sera privilégié, comme souvent, afin de réaliser chacun des travaux en mutualisant les compétences et capacités et afin de favoriser les situations d’apprentissage par les pairs.

Démarche :
PARTIE 1 : introduction (2h)
Cours dialogué à partir des documents proposés
Faire réfléchir sur la notion d’habiter
Poser des hypothèses qui serviront plus tard à l’enquête de terrain

Documents :
Reportage France Culture, « la France des lotissements » (extrait 10’’) : jeune couple visitant une maison individuelle dans un Domexpo près de Cergy / Interview de Pierre Chabard (urbaniste). LSD, 25.01.2017
Article du Monde, « Le français, cet homo-periurbanus » (R. Rerolle, 17.09.2012)
Carte de l’aire urbaine de Paris / Carte centré sur Cergy (projeté)
Photo Raymond Depardon
Tableau statistique Aire Urbaine de Paris (projeté)

Questions :
  Qu’est-ce qu’un espace périurbain ?
  Comment expliquer la forte attractivité de ces espaces ?
  Existe-t-il, selon ces documents, une manière spécifique d’habiter l’espace périurbain ?
  Quelles sont les critiques souvent adressées à ce mode d’habiter ?
La séance se termine sur le choix des communes de résidence des étudiants qui serviront à l’enquête

PARTIE 2 : La diversité des espaces périurbains (2h)

Un ou des espaces périurbains ? Étude de cas de 4 communes périurbaines autour de Meaux selon les lieux de résidence des élèves.

  • Travail en autonomie à partir de Géoportail et de statistiques de l’INSEE présentant les profils de 4 communes périurbaines
  • Compléter un tableau comparatif par groupe puis mise en commun
  • Établir ce qui fait l’unité et la diversité des communes périurbaines choisies
    Exemple de tableau comparatif issu de l’observation des cartes (Géoportail) et des données statistiques
    Tableau

Bilan :

  • L’évolution forte de leur population depuis 1982 : les taux de croissance sont partout supérieurs à la moyenne de l’IDF. En revanche on observe aussi un ralentissement net de cette croissance dans les années 1990 et surtout 2000, sauf pour Trocy
  • Une population globalement jeune : les moins de 15 ans y sont partout plus nombreux que dans le reste de l’IDF. Le nombre important d’écoles dans ces communes confirme la structure de la population
  • La surreprésentation des familles avec enfants : les couples avec enfants ou les familles monoparentales sont plus importantes que dans le reste de l’IDF, avec des records comme à Quincy (25 points de plus que la moyenne IDF) ou Saint-Pathus (28 points de plus). Il s’agit le plus souvent de familles avec plus de deux enfants à la différence du reste de la moyenne IDF.
  • La domination du logement individuel : c’est sans surprise que les logements individuels représentent l’immense majorité du parc de logement de ces communes. Partout supérieur à 90% sauf, exception notable à Lizy. Dans cette commune, le logement individuel ne représente que 40% des logements, les logements collectifs y sont majoritaires comme on le voit sur la carte : centre bourg développé + barres d’habitat collectif au Nord Ouest.
  • La forte motorisation des ménages : la moyenne est 2 fois supérieur à celle de l’IDF sauf encore à Lizy qui apparait sous-motorisée. La présence de la gare peut être un facteur explicatif, mais ce n’est pas le seul.
  • La sous-représentation des cadres : l’IDF se caractérise en France par une proportion de cadres dans la population active plus importante que dans le reste de la France (c’est normal : région métropolitaine qui concentre les emplois stratégiques). En revanche, ils sont très largement sous-représentés dans les 4 communes d’étude : 2x moins à St Pathus, 7x moins à Lizy, 2x moins à Torcy. En revanche, ils sont plus nombreux à Quincy
  • La sous-représentation des diplômés de l’enseignement supérieur à l’échelle de l’IDF : là encore l’IDF se singularise en France par la forte proportion de diplômés (1/3 de la population contre ¼ à l’échelle de la France). A part à Lizy, très en dessous de la moyenne française, les autres communes se rapprochent de la moyenne française mais sont très en dessous de la moyenne régionale.
  • Des revenus supérieurs à la moyenne : le taux de pauvreté est faible dans 3 communes (3 fois plus faible que la moyenne IDF) sauf à Lizy sur Ourcq où il est même supérieur à la moyenne IDF et presque 2x supérieur à la moyenne de la France.
    Sauf à Lizy, les revenus moyens sont assez élevés et correspondent à ceux de la classe moyenne (7e et 8e déciles)
  • Des communes plutôt bien équipées : contrairement à ce qui a été vu, il n’y a pas « rien » dans ces communes. Elles sont plutôt bien dotées de services publics de proximité, en particulier de services éducatifs. Certaines concentrent même des zones d’activités. L’activité agricole n’a pas complètement disparu dans certaines communes comme à Trocy.
Textes

PARTIE 3 : La diversité des modes d’habiter périurbain (6h)

  1. Initiation à la technique d’enquête quantitative
  2. Observation de terrain
  3. Typologie des modes d’habiter

1e séance : 2 heures
Préparation à l’enquête qualitative de terrain :
  Qu’est-ce qu’une enquête ?
  Qu’est-ce que l’on cherche à savoir ?
  Comment mener un entretien ?
  Comment retranscrire un entretien ?
Exercice d’application : par deux, simuler un entretien

2e séance : recueil des entretiens sur le terrain par groupe (hors temps scolaire)

3e séance : Traitement et analyse des données recueillies
Faire un bilan collectif du travail de terrain (ce qui a marché et les difficultés rencontrées)
Par groupe, travail en autonomie : comparaison des résultats + établir des grilles de synthèse
Savoir représenter schématiquement des modes d’habiter

A la fin de cette séance, les élèves doivent rendre leurs travaux qui seront scannés par le professeur.

4e séance : Présentation des enquêtes à l’oral à partir des schémas et mise en commun.

  Chaque groupe vient présenter au tableau le fruit de son travail et montre la diversité des modes d’habiter périurbain. Les élèves doivent aussi faire des regroupements selon des modes d’habiter similaires.


  Le professeur distribue des schémas prélevés dans les différents groupes. Les élèves sont invités de nouveaux à faire des regroupements, non plus par commune mais par profil de mode d’habiter. On détermine 4 grands types d’habiter selon les critères retenus pour l’enquête (distances parcourues, rapport au voisinage, au village, à la ville, lieux fréquentés, etc.). Ces quatre types s’inspirent de la typologie établie par Rodolphe DODIER et Laurent CAILLY (Habiter les espaces périurbains, Presses Universitaires de Rennes, 2012) : type villageois, type périphérique, type navetteur, type métropolitain

Terminer :
Le professeur conclut : « la périurbanité existe-t-elle ? ». Lors de la conclusion, le professeur insiste sur :
1) la diversité des espaces périurbains au sein d’une même aire urbaine. Mais il nuance les résultats en montrant que les résultats pourraient être différentes dans une autre aire urbaine (par exemple l’aire urbaine d’une ville moyenne)
2) La diversité des modes d’habiter en dépit de quelques constantes (rapport au logement, voisinage souvent ignoré, distances parcourues souvent importantes, rapport ambigüe à la ville). Les modes d’habiter périurbain varient en fonction du lieu, mais surtout en fonction du genre, de l’âge, de l’origine des résidents périurbains (selon qu’ils viennent de la ville, du périurbain, ou de la campagne) et de l’habitus.