La journée d’études organisée le 11 octobre dernier par l’inspection autour des enjeux de la connaissance a été l’occasion de mener une réflexion sur l’enseignement de l’industrialisation, sujet important et à la mise en œuvre toujours complexe. Le travail s’est concentré sur la "révolution industrielle", notion aussi répandue que problématique, avec une organisation autour de deux moments.

Le premier temps a consisté en une mise au point universitaire de M. Guillaume Carnino, maître de conférences à l’université de Compiègne, sur la notion de "révolution industrielle". Le but était de montrer que cette notion ne correspond pas à la réalité de l’industrialisation et de souligner ce qui en fait la force malgré son caractère inopérant, notamment :

• sa simplicité de compréhension (ce qui est une façon de montrer que la réalité est plus complexe que ce genre de formule) ;
• l’idée qu’elle donne un sens à l’histoire tourné vers le progrès ;
• sa dimension rassurante faisant penser que la technologie finit par résoudre tous les problèmes, valorisant l’innovation et donnant la primauté à l’Occident.

Plusieurs exemples ont été mobilisés :

• voir la machine à vapeur comme une invention révolutionnant immédiatement toute l’économie et entraînant un basculement rapide dans l’industrie, alors qu’elle met beaucoup de temps à se développer : cette réflexion permet de mettre en évidence la multiplicité des conditions nécessaires au développement d’une technologie et le caractère très inégal selon les endroits de ce développement ;
• penser que les sources d’énergie (charbon, pétrole) se succèdent alors que la recherche montre qu’elles s’accumulent jusqu’à aujourd’hui permet de mettre en perspective la notion de transition énergétique, en lien avec l’éducation au développement durable.

Le second temps a consisté en une présentation didactique de Bertrand Jolivet, professeur au lycée des Lilas et formateur à l’INSPE de Paris et dans l’académie de Créteil, sur la façon d’aborder ce concept de façon critique en cours. En effet, le terme de "révolution industrielle" apparaît entre guillemets dans les programmes de 4e, ce qui pourrait paraître en contradiction avec les évolutions historiographiques présentées par G. Carnino. Cependant, les guillemets montrent la nécessité d’une approche critique de la notion pour faire ressortir le caractère très pluriel et progressif de l’industrialisation.

Bertrand Jolivet présente d’abord la façon dont la révolution industrielle est mise en avant dans les manuels scolaires et les problèmes que cette mise en avant pose en termes de recul critique sur la notion. Il a ensuite proposé des séances permettant une approche critique mettant en avant les caractéristiques de l’industrialisation (longueur, diversité selon les endroits, place toujours importante de l’agriculture, de la force animale).

L’essentiel de ces interventions, des documents et des bibliographies, se trouvent dans les diaporamas joints à cet article, qui donneront des ressources pour aborder de façon critique et actualisée cette question délicate et importante, en lien direct avec des préoccupations actuelles autour de la croissance, du développement et de l’environnement.