Enseigner à distance : retours d’expériences

02 / 04 / 2021 | Webmestre

Le contexte sanitaire impose une adaptation des pratiques d’enseignement pour assurer au mieux la continuité pédagogique. Lors du confinement du printemps dernier, des formes d’enseignement à distance ou plus ou moins hybride ont dû être mises en place, des outils numériques ont été exploités, développant en particulier l’autonomie et la coopération entre les élèves. En partant des expérimentations conduites dans ce cadre, des professeurs de l’académie de Créteil, membres du Greid histoire-géographie, racontent ici comment, au-delà des difficultés alors rencontrées, ils en ont tiré parti dans un contexte d’enseignement plus ordinaire. Enseigner et apprendre à distance, retours d’expérience.

Vocaroo pour échanger avec les élèves sur leurs productions, pendant (et après) le confinement

Avec l’allongement de la durée de l’enseignement à distance, trois enjeux majeurs se sont révélés plus complexes à atteindre :
– le maintien de la motivation ;
– la préservation d’un lien solide avec les élèves ;
– la poursuite d’un engagement dans les apprentissages.
La diversification des démarches et le passage par l’oral m’a semblé permettre d’atteindre pour un plus grand nombre d’élèves ces objectifs.
Pour diversifier les modalités de retour sur les productions des élèves, des commentaires audio ont été réalisés avec l’outil Vocaroo, une application gratuite en ligne qui permet d’enregistrer un message vocal en ligne puis de le partager directement grâce à un lien web et de l’enregistrer. Ces commentaires sont souvent moins fastidieux pour l’enseignant, plus propices à une individualisation et écoutés avec bien plus d’attention par les élèves (voir les parents) que les commentaires écrits. Le retour des élèves était très positif.
Les élèves se sont également appropriés cet outil pour me transmettre certaines de leurs productions ou plus simplement me poser des questions sur une difficulté rencontrée.
Depuis, j’utilise cet outil pour corriger notamment des écrits intermédiaires (brouillons) et ainsi guider de façon très individualisée les élèves dans leur production finale. Mes enregistrements sont transmis aux élèves via les boîtes mails ou des QR-Code.
L’outil Vocaroo est présenté ici : http://hgc.ac-creteil.fr/presentation-de-l-outil-vocaroo
Anne-Gaëlle Grandpold, collège Jules Vallès, Choisy-le-Roi

Pearltrees pour partager les supports et développer l’autonomie des élèves
Au moment où le confinement a débuté, j’avais intégré dans mes pratiques pédagogiques certains outils de l’ENT comme « Exercices et évaluations », le « Mur collaboratif », et j’utilisais de façon générale les « dossiers partagés » pour stocker et distribuer des ressources avec mes élèves : j’abordai donc le confinement assez confiant.
En réalité, les premières semaines, l’ENT était très peu opérationnel, et j’ai dû me tourner vers d’autres outils comme Google Classroom, qui n’offrent malheureusement pas les garanties nécessaires concernant le traitement des données personnelles des élèves.
Dans un second temps, l’ENT a mieux fonctionné et une application prometteuse y a été ajoutée : Pearltrees. Il me semblait qu’elle pouvait servir de support à la plupart des activités à distance (sauf la webconférence). J’ai suivi les formations de prise en main proposées en ligne, puis j’ai essayé de l’utiliser à titre expérimental avec les élèves ; mais les initier à distance à un nouvel outil s’est révélé très difficile.
De ce fait, depuis la rentrée de septembre 2020, j’ai entrepris très tôt de travailler de façon méthodique avec mes élèves sur Pearltrees de façon à ce qu’ils atteignent rapidement un certain seuil d’efficacité. Par exemple, les problèmes rencontrés par certains élèves sont résolus en classe, en présentiel, ce qui bénéficie à tout le groupe. Plus généralement j’essaie, au-delà des frontières de ma discipline, de les aider à développer leur « habilité numérique » pour les rendre le plus autonomes possible dans le travail à distance.
Olivier Fournil, lycée Darius Milhaud, Le Kremlin-Bicêtre

La Quizinière pour évaluer tout en favorisant l’engagement des élèves
Une fois l’annonce officielle du confinement mi-mars, il a fallu très vite réfléchir aux modalités pour assurer la meilleure continuité pédagogique possible.
D’abord, j’ai utilisé la plateforme Pronote. Dans le cahier de texte, j’intégrais, en début de semaine, les consignes. Chaque soir, je mettais les corrections. J’ai tout le temps privilégié le format pdf pour une meilleure lecture sur ordinateur ou smartphone. Malgré une communication via Pronote, très peu d’élèves m’ont rendu leurs premières activités. Une partie des élèves n’avait pas de code Pronote opérant. La situation s’est améliorée par la suite.
J’ai très vite modifié mes pratiques. En plus de Pronote, j’ai organisé des classes virtuelles grâce au dispositif « Ma classe à la maison » du CNED. J’ai aussi testé plusieurs outils pour les évaluations pour n’en retenir finalement qu’un. L’outil QCM de la plateforme Pronote est trop limité en termes d’exercices proposés et d’accessibilité. L’outil Google Form ne respecte pas le RGPD malgré des fonctionnalités assez abouties pour les exercices et la méthode de correction.
À la suite des conseils d’une collègue, le troisième outil s’est révélé parfait : la QuiZinière du réseau Canopé. Cette plateforme permet la création de nombreux types d’exercices, l’intégration de différents documents et une correction individualisée pour chaque élève tout en respectant le RGPD. Les évaluations que j’ai proposées via cet outil ont été réalisées par près de 80 % des élèves en moyenne. J’ai publié deux articles sur le site web disciplinaire :un premier article présentant l’outil la QuiZinière et un second article proposant une évaluation en 4e sur le “Thème 2 : L’Europe et le monde au XIXe siècle / Chapitre 2 : Conquêtes et sociétés coloniales”. J’ai diffusé ces articles au sein de mon établissement et plusieurs collègues ont adopté à leur tour cet outil.
Depuis la rentrée 2020, j’insiste sur l’utilisation de Pronote et du courriel auprès des élèves pour qu’ils puissent récupérer les cours s’ils sont absents. J’ai créé plus d’activités numériques pour les élèves sur la QuiZinière et sur la plateforme d’applications learningapps.org (plateforme que j’utilisais déjà avant le premier confinement) afin de les habituer à un enseignement hybride.
Antoine Cavelier, collège Jules Ferry, Villeneuve-Saint-Georges

Scénariser ses cours et prévoir des plans de travail pour encourager l’autonomie des élèves
Comme tout un chacun, la rapidité de la mise en place du confinement au mois de mars 2020 fut une surprise et constitua une rupture dans l’enseignement. Afin de maintenir un lien au plus près des élèves, je me suis saisi de l’outil numérique « Ma classe à la maison » dès la première semaine de confinement. De nombreuses questions se sont alors posées. À quel moment se retrouver alors que le rythme biologique des élèves était décalé ? Quel laps de temps doit-on laisser entre deux séances pour éviter la surcharge de connexions et préparer les supports à utiliser ? Quelles activités proposer pour donner du sens aux apprentissages ? Quelle quantité de travail fournir ? Comment évaluer ? Quels retours des élèves et quels retours aux élèves ?
Pour répondre à certaines de ces questions et favoriser le travail en autonomie des élèves, les plans de travail étaient envoyés trois jours à l’avance, ce qui leur permettait de s’organiser dans la gestion des outils numériques au sein de la famille (voir l’article d’Aurélie Mézard sur un exemple de scénario pédagogique à distance). Dans une perspective de simplification des consignes, j’avais standardisé les messages à destination des élèves et des parents ou représentants légaux. Je ne communiquais que par le biais de l’ENT : « messagerie » et dépôts dans les « dossiers partagés ». Si la gestion fut pendant quelque temps fastidieuse en raison des accès difficiles pour les élèves et des déconnexions impromptues, j’ai cependant pu perfectionner mon utilisation des divers outils proposés (Ex : « Exercices », « Balado »). A ce titre, les élèves ont globalement respecté les consignes de travail et pratiqué la métacognition en acceptant les possibilités d’erreurs.
J’ai aussi été amené à davantage scénariser mes séquences pour permettre aux élèves d’avancer dans le cours sans mon aide immédiate et individualisée. J’ai ainsi conçu deux séances dans une perspective d’enseignement à distance qui ont pu être mises en ligne sur le site hgc.creteil.fr, l’une en classes de troisième (« Les territoires ultramarins : un problématique spécifique ») et l’autre en classe de cinquième (« Humanisme, réformes et conflits religieux »).
François Volpelier, collège Les Aulnes, Combs-la-Ville